lundi 20 juin 2016

Festival Lumière 2016: le Prix Lumière pour une femme, une surprise, vraiment?

Martin Scorcese, lauréat 2015 du Prix Lumière
Bonjour à tous

C'est devenu désormais un rituel attendu par tous les cinéphiles français depuis 2009, la conférence de presse pour annoncer le pré-programme du festival Lumière et le lauréat du Prix Lumière, remis à un réalisateur ayant marqué le monde de son empreinte cinématographique a été menée par le directeur de l'Institut Lumière, Thierry Frémaux. Depuis 2009, se sont ainsi succédé Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu (seul non cinéaste ayant été récompensé à ce jour), Ken Loach, Quentin Tarantino, Pedro Almodovar et enfin Martin Scorcese.

Si les artistes jusqu'alors récompensés correspondaient à un cinéma très éclectique, ils demeuraient des occidentaux et des hommes. Cette année, un de ces critères a été contredit. Pour la première fois en effet, une femme sera Prix Lumière!


Et ce n'est pas sans émotion que Thierry Frémaux en a fait l'annonce. Au regard de la carrière de l'actrice, que ce soit dans sa longévité, dans les œuvres dans lesquelles elle a tourné ou encore dans ses collaborations avec les plus grands cinéastes du monde entier, ce prix est d'une légitimité évidente. Cependant, ce prix met en évidence un retrait du cinéma français à l'échelle mondiale des années précédentes. En effet, pour la deuxième fois, un prix est remis à un(e) comédien(ne). Or ce le fut seulement pour des artistes Français: Gérard Depardieu donc et Deneuve aujourd'hui. Est-ce à dire qu'il n'y a pas de cinéastes français qui puissent être légitimement lauréat de ce prix si prestigieux? Aujourd'hui, il n'y a peut-être pas de réalisateurs français qui puisse être éligible compte tenu de leur carrière passée. Mais les générations de cinéastes actuels risquent de bientôt pouvoir frapper à la porte de ce prix: Audiard ou Despleshin pour ne citer qu'eux.

Le Festival 2016 sera donc marqué par le glamour et la classe de la grande Catherine. Et comme il a prouvé sa capacité à devenir un événement populaire, le Festival Lumière s'allonge de deux journées supplémentaires pour débuter désormais un samedi. 9 jours de projections au lieu de 7, avec un week-end supplémentaire, voilà qui ravira certainement ceux qui ne pouvaient que profiter a minima de cette fête géante du cinéma classique. Ce succès qui ne se dément pas depuis la 1ère édition en 1989 a même conduit l'Institut Lumière, l'organisateur du festival, à limiter l'achat du nombre de places pour la soirée d'ouverture à 2 seulement pour permettre à ce qu'un maximum de personnes puissent bénéficier de cet événement. Cette mesure démontre l'engouement pour cette soirée prestige organisée à la Halle Tony Garnier, au confort tout relatif, accueillant certes des dizaines d'artistes français et internationaux et se clôturant par la projection d'un film surprise. Qu'une salle de 5000 sièges se remplisse près de 4 mois avant l'événement sans que le programme ne soit connu démontre la confiance que les festivaliers manifestent pour l'ensemble de l'événement!

En ce qui concerne la programmation, celle-ci est encore incomplète mais s'ouvre à des cinémas très variés, à commencer par une rétrospective Marcel Carné, un focus sur les films du réalisateur américain Walter Hill, et ce en sa présence, une rencontre avec la star chinoise Gong Li, la projection de films restaurés de Buster Keaton ou encore une nuit "Films de potes" le 2ème samedi du festival à la Halle Tony Garnier. Les plus jeunes pourront découvrir un film d'animation classique pourtant méconnu mais terriblement attachant Le géant d'acier et les amateurs de frissons seront servis avec une rétrospective des films de monstres des studios Universal, permettant de rencontrer la créature de Frankenstein ou le monstre du lagon noir!

Enfin, comme l'a rappelé Thierry Frémaux dans cette conférence de presse, Lumière 2016 sera aussi un événement particulier pour les organisateurs, les festivaliers, les artistes et les journalistes puisque nous ne verrons ni n'entendrons plus deux des figures emblématiques de ce festival Lumière. Raymond Chirat d'abord, historien du cinéma et fondateur de l'Institut Lumière qui nous a quitté  et qui honorait chaque année de sa présence les salles du festival avec une bienveillance légendaire. Il nous a quittés le 22 août 2015 et sa mémoire continuera de marquer le festival par le prix qui porte son nom récompensant un historien du cinéma. C'est également notre ami Jean-Jacques Bernard qui sera absent. Il est parti rejoindre ses idoles du grand écran un jeudi de novembre alors qu'il participait encore à un festival de cinéma. Jean-Jacques avait accompagné le festival dès sa première édition et était la voix de Radio Lumière avec ses acolytes Yves Bongarçon et Antoine Sire. Il manque déjà à cette édition mais comme le disait son émission du Ciné+ Classic: VIVA CINÉMA et vive le Festival Lumière 2016.

Festival Lumière
du 8 au 16 octobre 2016
Informations sur www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour



lundi 13 juin 2016

"La Mélodie du bonheur": un film politique... et d'actualité

Bonjour à tous

il y a des distributeurs qui permettent à des grands films de ressortir en salle dans des copies magnifiques. Marc Olry, de Lost Films, est de ceux-là. Avec un catalogue déjà intéressant (Du silence et des ombres ou Seconds pour n'en citer que deux), voici qu'il permet aux spectateurs de voir ou revoir La mélodie du bonheur (The sound of music pour le titre original) de Robert Wise, sorti en 1965 et lauréat, entre autres de 5 oscars dont celui, excusez du peu, de meilleur film et meilleur réalisateur.

Le film reprend l'histoire vraie de la famille Trapp (écrite dans La famille des chanteurs Trapp de Maria-Augusta Trapp adapté en comédie musicale en 1959 et jouée à Broadway) peu avant l'invasion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, ce qui fut désigné sous le nom d'Anschluss. Pourtant, le scénario semble se concentrer sur une romance improbable entre une apprentie religieuse et un officier autrichien, veuf et père de 7 enfants. Le succès colossal s'explique bien sûr par la qualité des chansons, par le talent de Julie Andrews (qui éclata dans Mary Poppins) qui lui valu l'oscar de meilleure actrice, par le caractère romantique de la situation et par les valeurs très positives qui se dégagent de cette famille impulsées par le père.

Bande Annonce:  https://vimeo.com/161612689


Le film fut un triomphe et est aujourd'hui encore un des films les plus rentables d'Hollywood et c'est un étonnement d'imaginer qu'il n'était plus distribué en France alors même que les copies VHS puis DVD ont été vendues par dizaines de milliers! Il faut dire que malgré le succès public, le film de Robert Wise a été régulièrement éreinté par la critique qui qualifiait le film de sucrerie ou de guimauve. Et il faut reconnaître qu'à la différence de West side story, autre comédie musicale réalisée par Robert Wise, La mélodie du bonheur ressemble à une histoire mielleuse, dans véritable enjeu autre que la relation amoureuse entre Maria, la novice et le capitaine Trapp (interprété par Christopher Plummer), officier de l'armée autrichienne.

Le succès planétaire s'explique bien évidemment par le caractère universel de cet amour fort entre une femme qui renonce à un engagement spirituel et un homme qui renonce à ses principes éducatifs pour ses enfants par amour pour Maria mais aussi pour celui de ses enfants. Mais ceci ne suffit pas à expliquer cet attachement à cette relation et à cette famille. Car ce qui est en arrière plan est finalement le plus important.

Revoir La mélodie du bonheur, ce n'est pas seulement se plonger dans la comédie musicale qui a sauvé le 20th century fox de la ruine (après l'échec monumental de Cléopâtre), c'est aussi comprendre qu'il y a des principes avec lesquels on ne peut transiger. L'éducation des enfants peut être affaire de négociations. L'arrivée de Maria leur a permis d'accéder à la musique, à la transgression parfois mais jamais à l'irrespect. On peut d'ailleurs imaginer que l'aspect "enfant modèle" est une combinaison entre le côté militaire de leur éducation paternelle et de l'apport plus libertaire de Maria. Mais, quel que soit l'analyse qui peut être faite de la manière d'éduquer les enfants, le film montre que le Capitaine Trapp a cédé sur certains de ses principes éducatifs. Le capitaine Trapp peut accepter que son éducation rigide et autoritaire puisse être défaillante sur certains points. Mais il ne peut accepter que ses valeurs, notamment son refus du nazisme, puissent s'effacer quand l'Anschluss est accompli. Le personnage de Rolf, l'amoureux de Liesl, la fille aînée du Capitaine, est à ce titre révélateur et introduit de manière parfaite pour comprendre comment le nazisme a pu s'imposer. En effet, alors que Rolf est un jeune garçon qui apporte les messages et le courrier, il dit cacher sa relation avec Liesl. Plus tard, on le voit faire partie d'un groupe de jeunes favorables aux idées nationalistes pour ensuite être totalement soumis aux idées nazies, jusqu'à dénoncer la famille et celle qu'il aimait.


Au regard de la montée des idées totalitaires actuelles, qui ne sont plus nazies mais islamistes, il est intéressant de voir combien le message de Maria qui prône le rôle émancipateur de la musique, et celui du Capitaine Trapp, qui refuse de céder aux injonctions nazies, trouvent un écho avec l'ordre moral que veulent imposer les dirigeants de DAESH est leurs soutiens objectifs. La musique est présentée par eux comme diabolique, les opposants aux lois islamiques sont muselés ou éliminés. L'idée même de liberté individuelle est condamnée. Curieusement, La mélodie du bonheur est un film qui, sous couvert de légèreté, permet d'identifier au mieux les renoncements aux principes démocratiques et de liberté, sur l'enrôlement et l'embrigadement des jeunes en leur donnant un pouvoir démesuré sur les autres par leur adhésion à une idéologie totalitaire, mais aussi sur la nécessaire résistance à ces idéologies criminelles et barbares.

La mélodie du bonheur, un film bien plus politique qu'il n'y paraissait finalement, et hélas plus que jamais d'actualité, à faire découvrir aux enfants pour leur expliquer combien la liberté est la seule condition du bonheur.

À très bientôt
Lionel Lacour


mercredi 8 juin 2016

La star, le parfum, le rêve

Bonjour à tous

Depuis plusieurs années, les parfums Dior utilisent l'image d'Alain Delon pour promouvoir leur parfum pour hommes "Eau sauvage". Pour cela, ils n'ont pas recours à des images d'aujourd'hui - Alain Delon a 81 ans - mais à celles où il était au sommet de sa beauté, mais aussi de sa virilité.
C'est que Delon représente, aujourd'hui encore, un symbole d'idéal masculin pour bien des hommes. Mais pour le mettre en scène dans des clips lui permettant d'incarner au mieux le côté "mâle" du parfum, il était impossible de faire tourner le Delon d'hier spécifiquement pour un film d'aujourd'hui.
De la star de cinéma au consommateur
Ainsi, il fut décider d'utiliser des images existantes de l'acteur sex-symbol. Et quoi de mieux que d'utiliser celles qui firent de lui un mythe, comme il s'est plu à le répéter il y a quelques jours encore? C'est pourquoi les concepteurs de la campagne d' "Eau sauvage" utilisèrent dans un premier temps les images du film de Jacques Deray La piscine. Pendant plusieurs années, c'est donc un Alain Delon félin, élancé et glabre qui était à l'écran. 
Le choix du film n'est pas innocent. La piscine reste un film culte, notamment pour le public cible de Dior. Culte parce que Delon mais aussi Romy Schneider. En utilisant ces images d'un Delon jeune, les publicitaires ont parié sur le fait que les consommateurs potentiels allaient reconnaître d'où étaient extraites les images. Et le film La piscine véhicule une dose très forte d'érotisme torride. Avoir le parfum de celui qui séduit Romy Schneider, qui n'a peut-être jamais été aussi belle que dans ce film, c'est une forme de projection dans le personnage de Delon par procuration. 
Dernièrement, ce sont de nouvelles images qui sont proposées dans la campagne audiovisuelle du même parfum. On y retrouve un Delon tout aussi jeune, tout aussi beau, mais encore plus viril, avec une barbe naissante. Si le Delon de La piscine était une sorte de figure de mode, se laissant dorer au soleil au bord d'une piscine, c'est un Delon moins apprêté qui incarne désormais le parfum Dior. Il est plus actif, plus baroudeur mais tout aussi séducteur. Avec la première campagne, les consommateurs potentiels ont identifié que les images provenaient d'un film. Avec la nouvelle, la question n'est plus de savoir s'il s'agit d'images d'un film mais d'identifier de quel long-métrage il s'agit.
Les aventuriers, un film d'amitié virile
Le film qui a servi de banque d'images pour cette nouvelle campagne Dior est Les aventuriers de Robert Enrico sorti en 1967. On y retrouve, en plus de Delon, Lino Ventura dans un rôle atypique au regard de sa carrière, mais aussi une jeune comédienne, future épouse de Sydney Poitiers, Joanna Shimkus. C'est elle que l'on voit dans la publicité, dans un moment où Delon essaye de la séduire, non par sa seule beauté, mais par l'aventure qu'il lui propose. 
En utilisant une autre facette de la personnalité de Delon, du moins celle de ses films, il y a un élargissement de la cible des consommateurs de parfum. La virilité n'est pas seulement par la beauté de papier glacé. Elle passe aussi par l'action, le partage et la complicité avec une femme. 
Si le film est moins connu ou moins identifiable, il n'en demeure pas moins efficace car tout le monde identifie bien qu'il s'agit d'images de cinéma. Mieux que des images d'archives, le cinéma crée un réel dans l'imaginaire. Ce ne sont pas seulement les hommes qui se projettent d'ailleurs dans ces publicités. Les femmes aussi se retrouvent dans ces images. Si leurs hommes se parfument avec "Eau sauvage", ils seront un peu Delon, elles seront leurs Romy ou Joanna. 
Si le recours au cinéma pour la publicité est récurrent, soit par évocation, par détournement ou par usage d'extraits ou d'archives, comme Dior le fait d'ailleurs pour ses parfums pour femme, la campagne "Eau sauvage" est bien plus originale car elle semble recréer un univers contemporain avec des images du passé, tout en donnant un aspect intemporel à l'icône dont elle se sert. Le tout est magnifié par la voix qui clôt le clip publicitaire puisqu'il s'agit de la voix de Delon. Pas celle d'hier mais bien celle d'aujourd'hui. Cela donne une cohérence formidable pour soutenir le produit.
Mais ce que les campagnes Dior révèlent en général, et celle pour "Eau sauvage" en particulier, c'est la magie et la force évocatrice que porte le cinéma et ceux qui en sont les incarnations. Delon sans le cinéma n'aurait été qu'un bel homme. Avec le cinéma, il est sublimé, non par la caméra, mais par le regard que les spectateurs ont porté sur lui. Et c'est sur les conséquences de cette sublimation que les publicitaires peuvent construire des campagnes publicitaires efficaces. Le cinéma reste et restera toujours une machine à fantasmes pour les spectateurs. Pour une marque de luxe, cela n'a pas de prix.
À très bientôt
Lionel Lacour

lundi 6 juin 2016

Les séminaires Cinésium: dirigez le film de votre entreprise

Bonjour à tous

Jean-Luc Godard a dit, "Le cinéma, c'est 24 fois la vérité par seconde".
Vue par l'entreprise, cette citation a de multiples résonances et démontre que les entreprises, privées ou publiques, doivent s'intéresser au cinéma pour comprendre leur monde, l'évolution de leur marché, les changements technologiques etc.
Voici donc les raisons pour lesquelles Cinésium propose ses séminaires pour améliorer les performances des entreprises dans les domaines de la Communication et du Management.



Le CINÉMA, c'est un art ET une ENTREPRISE

Le CINÉMA, c’est une industrie avec des caractéristiques propres:
· une économie de prototype,
· un mode projet permanent,