mercredi 29 juin 2016

Les supporters Irlandais pour réapprendre la propagande!

Bonjour à tous

L'Euro de football est entré dans la phase à élimination directe et l'équipe de France a affronté l'équipe d'Irlande. Après une qualification obtenue dans la souffrance dimanche 26 juin 2016, les supporters irlandais ont encore une fois fait le spectacle et l'admiration de tous, malgré la défaite de leur équipe. Il faut alors revenir sur les images qui ont été relayées sur tous les médias français et internationaux, sur les télévisions ou par les réseaux sociaux. Et la conclusion qui est tirée de ces images est simple: "Les Irlandais sont des gens extraordinaires"!



Il faut tout d'abord reprendre les événements qui se passent depuis avant le 10 juin 2016, premier jour de l'Euro. Et ce n'était pas glorieux. Il y avait les images des casseurs des manifestations, ceux qui attaquaient un policier à coups de barres après avoir incendié la voiture des gardiens de la paix. Mais il y a eu aussi ces vidéos d'émeutes urbaines entre supporters russes et anglais à Marseille, ou d'autres fanatiques à Nice ou ailleurs.



Bref, les images qui couvraient tous les médias laissaient penser que cet Euro allait se passer de la pire des manières, mettant en défaut la France et son gouvernement, incapable de gérer la sécurité en plein état d'urgence, celui établi après les attentats perpétrés par les sbires de Daesh en novembre 2013. Et aux aussi avaient amené à la production de vidéos déversées sans contrôle sur les réseaux sociaux, répandant la terreur et l'effroi auprès des Français mais également de tous les Occidentaux.


Et puis arrive ce miracle absolu. Des supporters irlandais sont filmés en train de faire la fête, manifestement loin de la sobriété exigée par les autorités publiques, mais montrant un plaisir pour l'amusement bon enfant qui fait évidemment plaisir à voir. À partir de ce moment là, les médias se mettent à chercher d'autres images positives de ces Irlandais, devenus les meilleurs supporters du monde, habillés et/ou maquillés en vert, chantant des chansons dans tous les registres, hurlant, beuglant toute gorge déployée mais sans violence physique contre quiconque, entraînant même les plus réticents dans leurs farandoles ou chorégraphies les plus rudimentaires, y compris des CRS médusés.

Cette déferlante verte a un intérêt évident pour les forces publiques et le gouvernement. Elle vient étouffer les images négatives jusqu'alors proposées sur les réseaux sociaux. Mais cela va plus loin encore. L'image positive de ces Irlandais, à l'heure d'internet et des réseaux sociaux leur revient forcément aux oreilles et aux yeux. Et voici que ces supporters redoublent d'imagination pour être sympas. Ils boivent et répandent leurs canettes de bière partout? Les voici filmés en train de ramasser leurs déchets pour rendre leur lieu de beuverie le plus propre possible. Ils vocifèrent dans un métro lyonnais, et hop, un smartphone vient témoigner de leur capacité à s'adapter en chantant soudain une berceuse quand ils voient qu'un nourrisson est dans le métro. Ils stationnent indûment dans une rue et la police leur demande de partir, et c'est une chanson entonnée à la gloire de ces policiers: stend up for the French police! reprennent-ils en cœur pendant plusieurs minutes.

Les vidéos positives créent donc une sorte de course auprès de ces supporters pour prouver qu'ils peuvent être chaque fois plus sympa que ce qu'on peut imaginer. Et l'effet est immédiat. Le vert des maillots se transforme en gage de rencontre agréable, amicale et festive. Ils sont patriotes mais admettent que leur équipe est nulle! Ils ne représentent donc pas un danger, même pour les supporters des équipes adverses qui peuvent alors faire la fête avec eux. Et certains deviennent même des convertis, cherchant à montrer que eux aussi peuvent être aussi sympas que cette Green army! Un cercle vertueux est donc enclenché entraînant tous ceux venus encourager leur équipe dans un élan positif et pas vindicatif.

Ce cercle vertueux d'images positives devrait former un modèle pour combattre celles négatives produites par Daesh. Parce que les Irlandais représentent le meilleur de ce qu'un événement produit, ils ont contribué à effacer les images de ces ultras nationalistes russes venus non pour le football mais pour en découdre avec les supporters des autres équipes voire avec la police. Si ces vidéos ne sont pas oubliées, elles ne sont plus vues comme étant des images liées au football. Être supporter, c'est vivre le soutien d'une équipe comme le font les Irlandais.

Ceci peut sembler éloigné, mais la réponse à cette propagande islamiste par les pays occidentaux victime des attentats doit relever de la même logique: montrer ce qui représente le plus positif de notre civilisation, des libertés qui sont possibles, des plaisirs qui sont partagés entre les hommes et les femmes pour effacer des représentations à la fois violentes mais aussi attractives car sidérantes. Le cercle vertueux qu'ont créé les Irlandais peut être reproduit pour d'autres domaines, à une autre échelle. Bien sûr, il ne s'agit pas de dire qu'il n'y aura plus de criminalité ou de problèmes dans nos quartiers et nos pays. Mais comme le hooliganisme est une marge du football, les violences, exactions et autres déviances possibles de nos sociétés ne constituent pas le cœur de notre modèle. C'est aux pouvoirs publiques et aux médias d'investir les réseaux sociaux en proposant des images positives. C'est à dire réinventer la propagande qui a été laissée aux seuls terroristes sur le canal que leurs potentielles recrues utilisent: internet et les réseaux sociaux.

Les Irlandais ont réussi à convertir des gens hostiles au football, non en les transformant en supporters, mais en élargissant leur seuil de tolérance par les images positives qu'ils véhiculent et qu'ils se plaisent à voir véhiculer. À nous de rendre les images de Daesh, aussi sidérantes soient-elles, comme pouvaient l'être celles des Russes à Marseille, comme des images de la marge face à ce que nos sociétés ont de meilleur. Montrons notre tolérance sans faille, acceptant les différentes cultures à partir du moment où ces cultures n'empêchent justement pas la tolérance. Au lieu de se complaire à montrer celles des fanfaronnades criminelles des jihadistes, si les médias, à la télévision, radio, presse écrite ou internet, relayaient des images positives de notre société comme ils ont relayé celles des Irlandais, nul doute que l'effet, à court, moyen et long terme, serait positif.

Les Irlandais nous auront rappelé une chose: la propagande est l'art de la répétition d'un message simple par tous les canaux possibles avec pour conséquence une adhésion progressive et massive à ce message par les personnes ciblées.

À très bientôt
Lionel Lacour



mercredi 22 juin 2016

"Coup de tête" pour célébrer l'Euro!

Bonjour à tous

comme chaque année, l'Institut Lumière propose aux Lyonnais et à tous les autres des projections gratuites et en plein air tous les jeudis de l'été sur la place Ambroise Courtois. Et quoi de mieux pour ouvrir cette programmation, en plein Euro de football, que Coup de tête, le film de Jean-Jacques Annaud ayant pour toile de fond le football avec Patrick Dewaere comme champion improbable d'une équipe d'une petite bourgade de province.

Le film qui propulsa véritablement le réalisateur au sommet du cinéma français n'est pas à proprement parlé un film sur le football mais il utilise cet univers comme trame de fond. Loin du football-business d'aujourd'hui, Coup de tête aborde cependant déjà le rôle social et sociétal du sport le plus populaire du monde.



Prophétique, Annaud centre son film autour d'une affaire de mœurs impliquant un des joueurs du club. Loin des "sextapes" au cœur de scandales péri-sportifs qui émaillent régulièrement l'actualité des footballeurs d'aujourd'hui, dont un a touché l'équipe de France avec les conséquences que l'on sait, le fait divers qui frappe François Perrin - footballeur amateur du club de Trincamp interprété par Patrick Dewaere - montre à quel point la carrière d'un joueur, plus qu'un autre, est soumise à des éléments extérieurs, soit pour couvrir ses actes répréhensibles, soit au contraire pour le dévaluer et donc l'éliminer.

Annaud montre ainsi combien l'unité d'une communauté peut se faire et se défaire autour du succès ou de la défaite de son équipe de football, impliquant toute la notabilité, des élus aux commerçants en passant par l'industriel sponsor du club. Car si l'échelle n'est évidemment pas la même avec les milliards générés par le football professionnel du XXIème siècle, Annaud permet de comprendre que les primes, en cash, données par le patron du sponsor du club de Trincamp, ne sont pas distribuées par pure philanthropie. Il en attend des retombées économiques bien supérieures aux sommes d'argent données aux joueurs, pourtant amateur. Mais derrière les montants qui leurs sont promis, c'est aussi

Ce lien social né autour de victoires d'un club dans une compétition phare génère aussi  des héros qui deviennent intouchables quand ils étaient jusqu'alors des pestiférés de la communauté. Le footballeur qui permet à son équipe, par son talent ou le hasard, de créer l'exploit, devient, de manière illusoire, le maître de la ville à qui rien n'est refusé. Il attire aussi l'attention des médias tant sur lui que sur le club, la ville et donc les sponsors. Mais le héros du jour peut être aussitôt oublié. Et surtout, le cinéaste n'oublie jamais de rappeler ce que représente un joueur dans cet éco-système. Un personnage finalement faible, monnayable et que l'on peut même humilier, comme le montre cette séquence dans laquelle Sivardière, président du club et patron du sponsor, incarné par Jean Bouise, donne des moitiés de billets à ses joueurs en "préprime" pour gagner le match.


La force de Coup de tête est donc de plonger le spectateur, à une échelle pourtant modeste, dans ce que représente le football, même amateur. Un sport certes, mais aussi un outil de communication formidable pour des entreprises partenaires qui financent des clubs et rémunèrent les joueurs au-delà du raisonnable.

Coup de tête, Jean-Jacques Annaud, 1979
Copie restaurée
jeudi 23 juin 2016, 22h00, place Ambroise Courtois, Lyon 8ème
(métro ligne D - station Monplaisir Lumière)

Le reste de la programmation de l'été sur www.institut-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

lundi 20 juin 2016

Festival Lumière 2016: le Prix Lumière pour une femme, une surprise, vraiment?

Martin Scorcese, lauréat 2015 du Prix Lumière
Bonjour à tous

C'est devenu désormais un rituel attendu par tous les cinéphiles français depuis 2009, la conférence de presse pour annoncer le pré-programme du festival Lumière et le lauréat du Prix Lumière, remis à un réalisateur ayant marqué le monde de son empreinte cinématographique a été menée par le directeur de l'Institut Lumière, Thierry Frémaux. Depuis 2009, se sont ainsi succédé Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu (seul non cinéaste ayant été récompensé à ce jour), Ken Loach, Quentin Tarantino, Pedro Almodovar et enfin Martin Scorcese.

Si les artistes jusqu'alors récompensés correspondaient à un cinéma très éclectique, ils demeuraient des occidentaux et des hommes. Cette année, un de ces critères a été contredit. Pour la première fois en effet, une femme sera Prix Lumière!


Et ce n'est pas sans émotion que Thierry Frémaux en a fait l'annonce. Au regard de la carrière de l'actrice, que ce soit dans sa longévité, dans les œuvres dans lesquelles elle a tourné ou encore dans ses collaborations avec les plus grands cinéastes du monde entier, ce prix est d'une légitimité évidente. Cependant, ce prix met en évidence un retrait du cinéma français à l'échelle mondiale des années précédentes. En effet, pour la deuxième fois, un prix est remis à un(e) comédien(ne). Or ce le fut seulement pour des artistes Français: Gérard Depardieu donc et Deneuve aujourd'hui. Est-ce à dire qu'il n'y a pas de cinéastes français qui puissent être légitimement lauréat de ce prix si prestigieux? Aujourd'hui, il n'y a peut-être pas de réalisateurs français qui puisse être éligible compte tenu de leur carrière passée. Mais les générations de cinéastes actuels risquent de bientôt pouvoir frapper à la porte de ce prix: Audiard ou Despleshin pour ne citer qu'eux.

Le Festival 2016 sera donc marqué par le glamour et la classe de la grande Catherine. Et comme il a prouvé sa capacité à devenir un événement populaire, le Festival Lumière s'allonge de deux journées supplémentaires pour débuter désormais un samedi. 9 jours de projections au lieu de 7, avec un week-end supplémentaire, voilà qui ravira certainement ceux qui ne pouvaient que profiter a minima de cette fête géante du cinéma classique. Ce succès qui ne se dément pas depuis la 1ère édition en 1989 a même conduit l'Institut Lumière, l'organisateur du festival, à limiter l'achat du nombre de places pour la soirée d'ouverture à 2 seulement pour permettre à ce qu'un maximum de personnes puissent bénéficier de cet événement. Cette mesure démontre l'engouement pour cette soirée prestige organisée à la Halle Tony Garnier, au confort tout relatif, accueillant certes des dizaines d'artistes français et internationaux et se clôturant par la projection d'un film surprise. Qu'une salle de 5000 sièges se remplisse près de 4 mois avant l'événement sans que le programme ne soit connu démontre la confiance que les festivaliers manifestent pour l'ensemble de l'événement!

En ce qui concerne la programmation, celle-ci est encore incomplète mais s'ouvre à des cinémas très variés, à commencer par une rétrospective Marcel Carné, un focus sur les films du réalisateur américain Walter Hill, et ce en sa présence, une rencontre avec la star chinoise Gong Li, la projection de films restaurés de Buster Keaton ou encore une nuit "Films de potes" le 2ème samedi du festival à la Halle Tony Garnier. Les plus jeunes pourront découvrir un film d'animation classique pourtant méconnu mais terriblement attachant Le géant d'acier et les amateurs de frissons seront servis avec une rétrospective des films de monstres des studios Universal, permettant de rencontrer la créature de Frankenstein ou le monstre du lagon noir!

Enfin, comme l'a rappelé Thierry Frémaux dans cette conférence de presse, Lumière 2016 sera aussi un événement particulier pour les organisateurs, les festivaliers, les artistes et les journalistes puisque nous ne verrons ni n'entendrons plus deux des figures emblématiques de ce festival Lumière. Raymond Chirat d'abord, historien du cinéma et fondateur de l'Institut Lumière qui nous a quitté  et qui honorait chaque année de sa présence les salles du festival avec une bienveillance légendaire. Il nous a quittés le 22 août 2015 et sa mémoire continuera de marquer le festival par le prix qui porte son nom récompensant un historien du cinéma. C'est également notre ami Jean-Jacques Bernard qui sera absent. Il est parti rejoindre ses idoles du grand écran un jeudi de novembre alors qu'il participait encore à un festival de cinéma. Jean-Jacques avait accompagné le festival dès sa première édition et était la voix de Radio Lumière avec ses acolytes Yves Bongarçon et Antoine Sire. Il manque déjà à cette édition mais comme le disait son émission du Ciné+ Classic: VIVA CINÉMA et vive le Festival Lumière 2016.

Festival Lumière
du 8 au 16 octobre 2016
Informations sur www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour



lundi 13 juin 2016

"La Mélodie du bonheur": un film politique... et d'actualité

Bonjour à tous

il y a des distributeurs qui permettent à des grands films de ressortir en salle dans des copies magnifiques. Marc Olry, de Lost Films, est de ceux-là. Avec un catalogue déjà intéressant (Du silence et des ombres ou Seconds pour n'en citer que deux), voici qu'il permet aux spectateurs de voir ou revoir La mélodie du bonheur (The sound of music pour le titre original) de Robert Wise, sorti en 1965 et lauréat, entre autres de 5 oscars dont celui, excusez du peu, de meilleur film et meilleur réalisateur.

Le film reprend l'histoire vraie de la famille Trapp (écrite dans La famille des chanteurs Trapp de Maria-Augusta Trapp adapté en comédie musicale en 1959 et jouée à Broadway) peu avant l'invasion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, ce qui fut désigné sous le nom d'Anschluss. Pourtant, le scénario semble se concentrer sur une romance improbable entre une apprentie religieuse et un officier autrichien, veuf et père de 7 enfants. Le succès colossal s'explique bien sûr par la qualité des chansons, par le talent de Julie Andrews (qui éclata dans Mary Poppins) qui lui valu l'oscar de meilleure actrice, par le caractère romantique de la situation et par les valeurs très positives qui se dégagent de cette famille impulsées par le père.

Bande Annonce:  https://vimeo.com/161612689


Le film fut un triomphe et est aujourd'hui encore un des films les plus rentables d'Hollywood et c'est un étonnement d'imaginer qu'il n'était plus distribué en France alors même que les copies VHS puis DVD ont été vendues par dizaines de milliers! Il faut dire que malgré le succès public, le film de Robert Wise a été régulièrement éreinté par la critique qui qualifiait le film de sucrerie ou de guimauve. Et il faut reconnaître qu'à la différence de West side story, autre comédie musicale réalisée par Robert Wise, La mélodie du bonheur ressemble à une histoire mielleuse, dans véritable enjeu autre que la relation amoureuse entre Maria, la novice et le capitaine Trapp (interprété par Christopher Plummer), officier de l'armée autrichienne.

Le succès planétaire s'explique bien évidemment par le caractère universel de cet amour fort entre une femme qui renonce à un engagement spirituel et un homme qui renonce à ses principes éducatifs pour ses enfants par amour pour Maria mais aussi pour celui de ses enfants. Mais ceci ne suffit pas à expliquer cet attachement à cette relation et à cette famille. Car ce qui est en arrière plan est finalement le plus important.

Revoir La mélodie du bonheur, ce n'est pas seulement se plonger dans la comédie musicale qui a sauvé le 20th century fox de la ruine (après l'échec monumental de Cléopâtre), c'est aussi comprendre qu'il y a des principes avec lesquels on ne peut transiger. L'éducation des enfants peut être affaire de négociations. L'arrivée de Maria leur a permis d'accéder à la musique, à la transgression parfois mais jamais à l'irrespect. On peut d'ailleurs imaginer que l'aspect "enfant modèle" est une combinaison entre le côté militaire de leur éducation paternelle et de l'apport plus libertaire de Maria. Mais, quel que soit l'analyse qui peut être faite de la manière d'éduquer les enfants, le film montre que le Capitaine Trapp a cédé sur certains de ses principes éducatifs. Le capitaine Trapp peut accepter que son éducation rigide et autoritaire puisse être défaillante sur certains points. Mais il ne peut accepter que ses valeurs, notamment son refus du nazisme, puissent s'effacer quand l'Anschluss est accompli. Le personnage de Rolf, l'amoureux de Liesl, la fille aînée du Capitaine, est à ce titre révélateur et introduit de manière parfaite pour comprendre comment le nazisme a pu s'imposer. En effet, alors que Rolf est un jeune garçon qui apporte les messages et le courrier, il dit cacher sa relation avec Liesl. Plus tard, on le voit faire partie d'un groupe de jeunes favorables aux idées nationalistes pour ensuite être totalement soumis aux idées nazies, jusqu'à dénoncer la famille et celle qu'il aimait.


Au regard de la montée des idées totalitaires actuelles, qui ne sont plus nazies mais islamistes, il est intéressant de voir combien le message de Maria qui prône le rôle émancipateur de la musique, et celui du Capitaine Trapp, qui refuse de céder aux injonctions nazies, trouvent un écho avec l'ordre moral que veulent imposer les dirigeants de DAESH est leurs soutiens objectifs. La musique est présentée par eux comme diabolique, les opposants aux lois islamiques sont muselés ou éliminés. L'idée même de liberté individuelle est condamnée. Curieusement, La mélodie du bonheur est un film qui, sous couvert de légèreté, permet d'identifier au mieux les renoncements aux principes démocratiques et de liberté, sur l'enrôlement et l'embrigadement des jeunes en leur donnant un pouvoir démesuré sur les autres par leur adhésion à une idéologie totalitaire, mais aussi sur la nécessaire résistance à ces idéologies criminelles et barbares.

La mélodie du bonheur, un film bien plus politique qu'il n'y paraissait finalement, et hélas plus que jamais d'actualité, à faire découvrir aux enfants pour leur expliquer combien la liberté est la seule condition du bonheur.

À très bientôt
Lionel Lacour


mercredi 8 juin 2016

La star, le parfum, le rêve

Bonjour à tous

Depuis plusieurs années, les parfums Dior utilisent l'image d'Alain Delon pour promouvoir leur parfum pour hommes "Eau sauvage". Pour cela, ils n'ont pas recours à des images d'aujourd'hui - Alain Delon a 81 ans - mais à celles où il était au sommet de sa beauté, mais aussi de sa virilité.
C'est que Delon représente, aujourd'hui encore, un symbole d'idéal masculin pour bien des hommes. Mais pour le mettre en scène dans des clips lui permettant d'incarner au mieux le côté "mâle" du parfum, il était impossible de faire tourner le Delon d'hier spécifiquement pour un film d'aujourd'hui.
De la star de cinéma au consommateur
Ainsi, il fut décider d'utiliser des images existantes de l'acteur sex-symbol. Et quoi de mieux que d'utiliser celles qui firent de lui un mythe, comme il s'est plu à le répéter il y a quelques jours encore? C'est pourquoi les concepteurs de la campagne d' "Eau sauvage" utilisèrent dans un premier temps les images du film de Jacques Deray La piscine. Pendant plusieurs années, c'est donc un Alain Delon félin, élancé et glabre qui était à l'écran. 
Le choix du film n'est pas innocent. La piscine reste un film culte, notamment pour le public cible de Dior. Culte parce que Delon mais aussi Romy Schneider. En utilisant ces images d'un Delon jeune, les publicitaires ont parié sur le fait que les consommateurs potentiels allaient reconnaître d'où étaient extraites les images. Et le film La piscine véhicule une dose très forte d'érotisme torride. Avoir le parfum de celui qui séduit Romy Schneider, qui n'a peut-être jamais été aussi belle que dans ce film, c'est une forme de projection dans le personnage de Delon par procuration. 
Dernièrement, ce sont de nouvelles images qui sont proposées dans la campagne audiovisuelle du même parfum. On y retrouve un Delon tout aussi jeune, tout aussi beau, mais encore plus viril, avec une barbe naissante. Si le Delon de La piscine était une sorte de figure de mode, se laissant dorer au soleil au bord d'une piscine, c'est un Delon moins apprêté qui incarne désormais le parfum Dior. Il est plus actif, plus baroudeur mais tout aussi séducteur. Avec la première campagne, les consommateurs potentiels ont identifié que les images provenaient d'un film. Avec la nouvelle, la question n'est plus de savoir s'il s'agit d'images d'un film mais d'identifier de quel long-métrage il s'agit.
Les aventuriers, un film d'amitié virile
Le film qui a servi de banque d'images pour cette nouvelle campagne Dior est Les aventuriers de Robert Enrico sorti en 1967. On y retrouve, en plus de Delon, Lino Ventura dans un rôle atypique au regard de sa carrière, mais aussi une jeune comédienne, future épouse de Sydney Poitiers, Joanna Shimkus. C'est elle que l'on voit dans la publicité, dans un moment où Delon essaye de la séduire, non par sa seule beauté, mais par l'aventure qu'il lui propose. 
En utilisant une autre facette de la personnalité de Delon, du moins celle de ses films, il y a un élargissement de la cible des consommateurs de parfum. La virilité n'est pas seulement par la beauté de papier glacé. Elle passe aussi par l'action, le partage et la complicité avec une femme. 
Si le film est moins connu ou moins identifiable, il n'en demeure pas moins efficace car tout le monde identifie bien qu'il s'agit d'images de cinéma. Mieux que des images d'archives, le cinéma crée un réel dans l'imaginaire. Ce ne sont pas seulement les hommes qui se projettent d'ailleurs dans ces publicités. Les femmes aussi se retrouvent dans ces images. Si leurs hommes se parfument avec "Eau sauvage", ils seront un peu Delon, elles seront leurs Romy ou Joanna. 
Si le recours au cinéma pour la publicité est récurrent, soit par évocation, par détournement ou par usage d'extraits ou d'archives, comme Dior le fait d'ailleurs pour ses parfums pour femme, la campagne "Eau sauvage" est bien plus originale car elle semble recréer un univers contemporain avec des images du passé, tout en donnant un aspect intemporel à l'icône dont elle se sert. Le tout est magnifié par la voix qui clôt le clip publicitaire puisqu'il s'agit de la voix de Delon. Pas celle d'hier mais bien celle d'aujourd'hui. Cela donne une cohérence formidable pour soutenir le produit.
Mais ce que les campagnes Dior révèlent en général, et celle pour "Eau sauvage" en particulier, c'est la magie et la force évocatrice que porte le cinéma et ceux qui en sont les incarnations. Delon sans le cinéma n'aurait été qu'un bel homme. Avec le cinéma, il est sublimé, non par la caméra, mais par le regard que les spectateurs ont porté sur lui. Et c'est sur les conséquences de cette sublimation que les publicitaires peuvent construire des campagnes publicitaires efficaces. Le cinéma reste et restera toujours une machine à fantasmes pour les spectateurs. Pour une marque de luxe, cela n'a pas de prix.
À très bientôt
Lionel Lacour

lundi 6 juin 2016

Les séminaires Cinésium: dirigez le film de votre entreprise

Bonjour à tous

Jean-Luc Godard a dit, "Le cinéma, c'est 24 fois la vérité par seconde".
Vue par l'entreprise, cette citation a de multiples résonances et démontre que les entreprises, privées ou publiques, doivent s'intéresser au cinéma pour comprendre leur monde, l'évolution de leur marché, les changements technologiques etc.
Voici donc les raisons pour lesquelles Cinésium propose ses séminaires pour améliorer les performances des entreprises dans les domaines de la Communication et du Management.



Le CINÉMA, c'est un art ET une ENTREPRISE

Le CINÉMA, c’est une industrie avec des caractéristiques propres:
· une économie de prototype,
· un mode projet permanent,