samedi 31 janvier 2015

Conférence: Le génocide juif vu par le cinéma

Bonjour à tous,

Cinésium propose une conférence exclusive sur la manière dont le cinéma a cherché à évoquer le génocide juif.
La difficulté de la représentation de cet événement tragique est une des caractéristiques de ce cinéma, qui a souvent essayé de suggérer plutôt que de montrer réellement le génocide, s'appuyant sur le fait que les spectateurs pouvaient savoir sans besoin d'en dire davantage.

À travers l'évocation de nombreux films ayant pris comme personnages principaux des victimes ou des bourreaux, cette conférence a pour objectif de montrer combien le cinéma, et notamment le cinéma de fiction, est un outil de la mémoire.

Vous pouvez consultez différents articles de ce blog:
La vie est belle: un chef-d'œuvre salutaire
Le génocide à l'écran: un thème de cinéma comme un autre?


Vous êtes une association, une médiathèque, un établissement scolaire ou toute autre institution et vous êtes intéressés par cette conférence, je vous invite alors à me contacter directement pour avoir davantage de précisions sur les modalités à l'adresse email suivante:
lionel.lacour@cinesium
ou par téléphone: 06 45 32 75 58

À bientôt
Lionel Lacour

lundi 26 janvier 2015

SnowTherapy: un film pas trop mâle

Bonjour à tous

Cannes 2014, un film suédois, co-production Rhône-Alpes Cinéma tourné en grande partie dans la station alpine des Arcs, a été projeté dans la sélection "Un autre regard" sous le titre de Turist. Il sera exploité dans le monde sous le titre de Force majeure, sauf en France puisque le distributeur a choisi Snow Therapy. Et on pourrait presque lui donner raison tant le film propose une thérapie intrigante tant aux personnages principaux qu'à ceux qui les côtoient voire aux spectateurs eux-mêmes. Réalisé par Ruben Östlund, le film se découpe en plusieurs journées mais s'interprète en plusieurs couches, pas forcément de neige!

Bande annonce:


1. Une situation banale, une remise en question des fondements du couple
Le film commence presque comme un film de famille tourné au caméscope. Quelques plans sur des gens heureux d'être sur une piste de ski, des parents devant s'occuper de leurs enfants emmitouflés dans des tenues bien peu pratiques pour se mouvoir dans les gestes quotidiens mais nécessaires pour pratiquer les activités de neige.
L'action est censée se passer dans les Alpes françaises et la famille vient de Suède. Une sorte de résumé de cette société de consommation du loisir est sous nos yeux. Un père qui prend des vacances pour (enfin) consacrer du temps à sa famille, un smartphone toujours présent servant autant à communiquer qu'à prendre des photographies ou qu'à faire des courtes vidéos.
Les enfants s'amusent avec un jouet dernier cri, sorte de drone qui les amuse autant que le père.
Avec cette famille suédoise, aux parents formidablement interprétés par Johannes Kuhnke dans le rôle de Tomas le père et Lisa Loven Kongsli dans le rôle d'Ebba la mère, c'est tout un modèle familial à la fois traditionnel et moderne qui se présente à nous. Traditionnel dans sa composition et dans son apparente répartition des rôles: 2 enfants, un père qui travaille plus que la mère qui a mis sa carrière entre parenthèse. Moderne dans cette recherche d'harmonie du couple, d'éveil des enfants, de liberté accordée réciproquement à chaque époux, à cette manière de faire leur toilette ensemble...
Pourtant, un événement à la fois anodin et majeur va fendre ce modèle d'équilibre, forcément fragile, reposant sur une valeur essentielle: la fonction de l'homme, père et mari.
Une avalanche est déclenchée par le personnel de la station pour éviter qu'une autre, incontrôlée et meurtrière ne se produise. Sous les yeux ébahis des touristes situés en terrasse d'un bar d'altitude et face à cette coulée de neige, Ebba s'inquiète du bruit et du volume que prend l'avalanche, malgré les mots rassurants de Tomas. Mais la masse de neige s'approche vraiment et semble prête à engloutir la terrasse et les personnes se trouvant dessus, provoquant une réaction de panique de tous les skieurs, à commencer par Tomas qui court pour se protéger, abandonnant femme et enfants, avant de revenir une fois que la menace ne se soit révélée n'être que de la neige pulvérisée accompagnant le gros de l'avalanche.
Ainsi commence le traumatisme d'Ebba, sa peur de l'avalanche lui en a fait découvrir une autre. Et si Tomas n'était pas celui qu'elle croyait.


2. L'avalanche se propage autour des héros et dans la salle
Le film joue sur l'effet de l'avalanche. Celle-ci devient une parabole pour mieux décliner ses effets autour des personnages.
La première victime semble donc être le couple formé par Tomas et Ebba. Telle une plaque instable dont la rupture entraîne l'avalanche, Tomas devient un maillon faible du couple. Celui qui doit résister aux tempêtes, dont le statut familial comme social est accepté parce qu'il représente la force et la sécurité s'est mué en couard, jusqu'à en nier l'évidence, pour mieux conserver son statut.

Cette rupture de plaque constitue pour Ebba un bouleversement digne d'une crise de foi. Elle va alors réaliser que son modèle familial n'est justement pas un modèle, notamment lorsqu'une amie lui fait comprendre qu'elle a des amants et que son mari l'accepte et fait de même. Cette liberté dans le
couple stupéfait Ebba mais fragilise encore davantage son modèle de société qui cherche tout de même à préserver encore ses enfants quand elle s'adresse à Tomas pour comprendre son déni autant que pourquoi il s'est comporté ainsi. C'est ainsi que le réalisateur extrait régulièrement le couple de son cocon locatif pour les faire discuter sur le palier de l'étage de l'hôtel.

De son côté, Tomas se voit encore comme un homme pouvant séduire. Dans une scène hilarante, Tomas doit pourtant faire face à une réalité. Son sex appeal n'est plus qu'une illusion dans laquelle il se plaît à vivre, imaginant qu'il peut encore séduire par son seul physique une femme plus jeune que lui. Et même si dans cette séquence, Tomas n'a rien demandé, l'attitude des femmes en dit long sur la mutation de société qui s'opère et dans laquelle l'homme n'a plus l'apanage de la drague, et de la drague "lourde"!
Vient alors le deuxième effet de l'avalanche, l'effet boule de neige qui entraîne tout sur son passage. Ainsi, une discussion lors d'un repas avec un couple d'amis Mats et Fanni, dont l'un est plus âgé que celle qui est désormais sa compagne, amène Ebba à évoquer "l'événement" qui la traumatise et à mettre son mari en défaut, mettant le couple d'amis à la fois dans l'embarras et dans une position d'arbitre, tentant vainement d'expliquer à chacun la raison du comportement de l'autre. Mais l'effet est dévastateur pour ce couple lui-même qui, même s'il réussit à s'extraire du conflit de couple entre Tomas et Ebba, va connaître une période de turbulence. Et Mats va donc subir l'interrogatoire de sa jeune compagne. Son statut de père divorcé le place de fait lui aussi dans la rupture du modèle familial traditionnel, dans la rupture du père ou mari protecteur. Mats n'a rien commis de répréhensible ni de critiquable et pourtant sa virilité est sur la sellette, comme celle de Tomas l'est avec Ebba.
Telle l'avalanche déclencheuse de l'histoire, la subtilité du film est de provoquer chez les spectateurs le même processus de réflexion qui a touché d'abord Tomas et Ebba puis Pats et Fanni. La détresse de Tomas,Hors cadre, hors écran, tous ceux qui ont assisté à l'avalanche sont à leur tour happés par les effets provoqués par cette fausse catastrophe naturelle. Ruben Östlund conduit chaque spectateur a envisager le point de vue de chacun des protagonistes et de fait, à revisiter le modèle familial établi, y compris dans une société suédoise que les Latins imaginaient comme beaucoup plus progressistes dans les relations homme/femme. Et comme Mats et Fanni qui intervinrent d'abord avec Tomas et Ebba pour ensuite débattre dans leur appartement de la place du "mâle" dans une société moderne, il est fort à parier que chaque spectateur emportera avec lui les questionnements suscités par Snow Therapy.


Il est rare qu'un film évoquant à ce point des questions intimes dans un couple interroge à ce point sur la société elle-même et sur ses fondements. Pas révolutionnaire dans ce qui est finalement affirmé, le réalisateur prend cependant à témoin les spectateurs non d'un renversement de situation, il ne s'agit pas ici d'affirmer la prise d'un quelconque pouvoir par les femmes, mais d'un bouleversement de la représentation des hommes, des mâles. Évidemment, les lâches sont légion dans le cinéma comme dans la littérature. Mais le lâche du film ne l'est pas pour faire le mal. Il l'est parce qu'il réagit en être humain, laissant sa virilité et son héroïsme supposé dû à son statut de mari et de père derrière son instinct de survie mais aussi derrière sa peur face à un événement soudain. Ce lâche n'est pas dénoncé. Il est montré brut, conscient du hiatus entre son comportement et ce qu'il sait de ce que la société, et donc sa famille, auraient attendu de lui. Le mâle de cinéma est un homme ordinaire. Et peu importe que les séquences finales le rétablissent dans sa virilité ou dans un modèle protecteur, plus personne ne sera dupe de ce que chacun peut être dans une situation de danger... même si on essaie de conserver les apparences pour les enfants. La reproduction sociale d'un modèle de "super papa-mari" comme constante pour se construire?

À très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 21 janvier 2015

"Foxcatcher", le revers de la médaille américaine

Bonjour à tous,

ce mercredi 21 janvier 2015 sort dans les salles Foxcatcher réalisé par Bennett Miller et prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes (2014). Présenté en avant-première lors du festival Cinéma, Sport et Littérature à l'Institut Lumière le dimanche 11 janvier 2015, le film se concentre sur le désir pathologique d'un milliardaire, John du Pont (méconnaissable Steve Carell) à vouloir devenir l'entraîneur de champions de lutte, et notamment Mark Schultz (interprété par Channing Tatum), champion olympique aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984.


Bande Annonce:

lundi 19 janvier 2015

Les chariots de feu: l'autre dans la société

Bonjour à tous

samedi 10 janvier, à l'occasion du festival Cinéma Sport et Littérature proposé par l'Institut Lumière, était projeté en avant-première française la copie restaurée du chef-d'œuvre d'Hugh Hudson, sorti en 1981 et 4 fois oscarisé et notamment pour le scénario. En présence du réalisateur et devant une salle archi comble, la redécouverte de ce film fut une révélation pour bon nombre de spectateurs, peut-être parce que le contenu une d'une contemporanéité, pour ne pas dire d'une actualité sidérante.

L'action est éclatée en plusieurs moments, commence et finit en 1978, puis se situe en 1919, continue jusqu'en 1924 qui sera le temps fort et long du film. S'ouvrant et se fermant sur une entraînement de l'équipe d'athlétisme britannique sur une plage, le tout sur la musique de Vangélis, elle aussi oscarisée, l'effet est très étonnant, surtout aujourd'hui, d'entendre cette musique très connotée "eighties" avec des synthétiseurs très

samedi 10 janvier 2015

Le cinéma, une source de l'Histoire

Bonjour à tous,

Le 13 août 2005, j'écrivais un article pour "The Internationale Association for Media and History" (http://www.iamhist.org/), rubrique "forum". Reproduit avec leur autorisation pour le site Clio-Ciné, (vous pouvez retrouver cet article et des centaines d'autres de nombreux contributeurs sur le site Clio Ciné), cet article consacré à l'utilisation du cinéma comme source est donc retranscrit ici dans son intégralité .


Cet article est une courte synthèse d’une réflexion élaborée en vue de la réalisation d’une série de conférences portant sur l’Histoire du XXème siècle grâce à l’utilisation des films de fiction de l’époque étudiée. Ces conférences

samedi 3 janvier 2015

Les aventures de Robin des Bois: la légende au service du présent

Bonjour à tous,

en 1938, un des plus grands films d'aventure de l'Histoire du cinéma sortait aux USA. Réalisé par le réalisateur d'origine hongroise Michael Curtiz (qui réalisa par la suite Casablanca, rien que ça), Les aventures de Robin des bois avaient comme caractéristique d'être un des premiers films tournés en couleur, une nouveauté de l'époque qui avait pour intérêt d'attirer encore les spectateurs dans les salles (comme on a essayé de les attirer avec le cinémascope, le relief...). Produit par la Warner, studio ouvertement pro administration Roosevelt, le film de Capra rassemble Errol Flynn et Olivia de Haviland pour la 3ème fois après Capitaine Blood (1935) et La charge de la brigade légère (1936), toujours sous la direction de Curtiz, formant un duo de cinéma parmi les plus célèbres, tournant encore ensemble 5 fois, dont 4 pour leur réalisateur fétiche!