vendredi 28 novembre 2014

"Le Pigeon", l'exagération pour un tableau tout en nuance de l'Italie des années 50

Bonjour à tous

Mario Monicelli a excellé dans ce qu'on allait appeler la comédie italienne et qui fit du cinéma de la Péninsule un modèle pour tant de cinéastes.
Avec Le pigeon, Monicelli réalisait en 1958 certainement son premier chef-d'œuvre, considéré comme une des plus grandes comédies du 7ème art par certains, et qui témoigne pourtant de la situation extrêmement contrastée de la société italienne de ces années d'après guerre, des ces années d'après "néoréalisme".

Parodie, pastiche, farce
De nombreuses analyses du film rappellent qu'il fut largement inspiré du film de Jules Dassin Du rififi chez les hommes, film noir présentant

"J'accuse" en Ciné Concert à l'Institut Lumière

Bonjour à tous

À l'occasion de la programmation consacrée aux films sur la Grande Guerre, l'Institut Lumière propose 2 ciné-concerts exceptionnels le mardi 2 décembre, à 14h30 et à 20h du film d'Abel Gance "J'accuse" (1919)Accompagnement au piano par Romain Camiolo.
Ces projections exceptionnelles permettront de découvrir en copie restaurée ce chef-d'œuvre longtemps resté en dehors de tout écran et qui marqua les spectateurs à la sortie de la guerre et qui offrait des séquences absolument dantesques dont peut-être la première séquence de morts-vivants du cinéma, avec en figurant, l'écrivain Blaise Cendrars, lui-même invalide de guerre.

Réalisé en partie avec l'aide de l'armée américaine, le film aborde la guerre avec l'enthousiasme de la déclaration permettant de récupérer l'Alsace et la Lorraine et libérant les sentiments nationalistes. Puis progressivement, le film évolue en accusant non plus les Allemands mais ceux qui ont poussé des jeunes Français à mourir au nom de valeurs non respectées. Il est également un des rares films à montrer des soldats français venus des colonies pour combattre sur le front.
Avec des effets spéciaux impressionnants à l'époque, Abel Gance réussit là une œuvre référence.
En 1938, Abel Gance réalisera un remake parlant dans lequel, cette fois-ci, l'anti-germanisme sera l'unique motivation des soldats.

Pour tout renseignement complémentaire, vous pouvez aller sur le lien suivant:
Institut Lumière ou appeler le 04 78 78 18 95

À bientôt
Lionel Lacour

mardi 25 novembre 2014

Festival "À nous de voir" en danger: le cinéma au cœur du débat citoyen

Bonjour à tous,

Une fois n'est pas coutume, j'évoquerai un festival autant pour sa programmation que pour le combat que mènent ceux sans qui peu de festivals n'existeraient.
Aujourd'hui, mardi 25 novembre 2014, se tenait une conférence de presse peu ordinaire. En effet, et alors que le festival "À nous de voir - Cinéma et Sciences" d'Oullins a débuté sa 28ème édition depuis le 20 novembre (et ce jusqu'au 30 novembre prochain), les "faiseurs" du festival ont mobilisé la presse et tous ceux pouvant être concernés par leur événement pour présenter la situation dans laquelle ce dernier ce trouvait.
Au cœur du problème, un blocage de la part de la direction de la MJC d'Oullins, organisatrice officielle du festival qui semblerait refuser que celui-ci ne se développe en permettant une autonomisation de cet événement, conduisant à ce que la MJC ne soit plus qu'un partenaire et non l'organisateur en plein.

Mickael Théodore, bénévole du festival et fondateur de l'association YAKA, est revenu longuement sur l'origine de ce blocage et sur les souhaits des nombreux autres bénévoles de s'approprier à la fois un lieu, le théâtre de la Renaissance mais surtout une idée. Celle que le cinéma participe à l'éducation populaire, offre un lieu d'échanges, de débats publics, ici autour des enjeux de la science, de toutes les sciences. Avec de nombreux scientifiques, venus de tous les domaines, comme Spyros Franguiadakis chercheur à Lyon 2 dans le domaine des sciences humaines, le festival s'est doté depuis près de 30 ans d'un espace de parole de plus en plus apprécié, dépassant les simples limites de la ville d'Oullins. Mickael Théodore s'est plu à rappeler l'augmentation de la fréquentation de 50% sur les trois dernières éditions, preuve s'il en était et de la qualité de la programmation mais aussi de l'adhésion, pour ne pas dire du besoin des citoyen de s'ouvrir aux questions scientifiques qui bouleversent leur quotidien, et pas seulement dans les seules considérations techniques.

S'il n'y eut pas de débat contradictoire lors de cette conférence de presse, puisque les représentants de la MJC ont décliné l'invitation qui leur était faite, un point fondamental ressort de ce moment. La présence importante de bénévoles, d'acteurs de la vie culturelle oullinoise mais d'ailleurs également, de la presse, montre combien la diversité culturelle repose de moins en moins sur des décisions verticales mais aussi et surtout sur l'engagement citoyen et passionné. Les grands festivals nécessitent une organisation extrêmement structurée et financièrement puissante car leur rayonnement dépasse les limites de la ville ou de l'agglomération. Et pourtant, même eux nécessitent des bénévoles. En revanche, les festivals plus modestes, modestes dans l'ambition initiale du moins, ne vivent que grâce à la mobilisation de ceux qui ne voient comme intérêt que l'expression de la culture dans leur territoire.

L'expérience du festival "À nous de voir" est une illustration par les actes de ce qui fut en son temps appelé "démocratie participative" dont on comprenait assez vite que la participation ressemblait surtout à un leurre. Dans le cas de ce festival, ce sont bien les citoyens qui se sont appropriés l'événement, l'ont fait croître. La MJC fut une couveuse formidable et permit il y a longtemps que cet événement naisse et se développe. La mise à disposition de personnels salariés pour encadrer l'enthousiasme des bénévoles était une aide considérable. Mais désormais, le festival "À nous de voir" propose une programmation de plus en plus dense, de plus en plus variée, de plus en plus importante (voir le programme sur le site À nous de voir, nécessitant certainement un déploiement nouveau, avec de nouvelles structures, de nouveaux partenaires.

De fait, cette conférence de presse a mis en lumière une réalité nouvelle sur la transmission de la culture en France. L'invention des MJC au lendemain de la guerre répondait à une demande d'accès et de de diffusion de la culture dans tout le territoire français. Les résultats furent considérables et ces MJC se sont multipliées sur le territoire national, devenant de véritables pépinières de talents, avec les effets de modes inhérents parfois à cette effervescence qu'apportait ce dynamisme culturel. Mais les décennies passant, l'accès à la culture ou d'expression culturelle ont emprunté d'autres voies, d'autres formes. La télévision et plus tard internet ont relégué "la culture MJC" à une culture parfois folklorique, parfois conservatrice. Et la jeunesse du "J" se faisant de plus en plus absente, ces lieux sont devenus des lieux de pouvoir, certes modeste, mais réel. Et en tout cas suranné.
Ce que les MJC ont permis, elles ne le permettent plus. Ou tout du moins, pas dans un fonctionnement archaïque. Pourtant, l'ambition originelle des MJC était la responsabilisation et l'autonomisation des citoyens. Les bénévoles et salariés du festival "À nous de voir" n'attendent que ça. Ils sont prêts. Prêts à remercier la MJC d'avoir permis que ce festival existe mais aussi à la remercier de les soutenir à se développer dans une structure autonome.

Ainsi, le combat pour un cinéma multiple ne passe pas que par l'amont de la production ou par la distribution. Il passe aussi par la nécessité que les spectateurs qui désirent un autre usage du cinéma puissent s'organiser pour proposer des moments de débat. Si Lyon est devenue la capitale pour la sauvegarde du cinéma classique (ou de patrimoine) avec le festival Lumière, et plus récemment capitale de la préservation du patrimoine des salles de cinéma historiques, l'exemple du festival d'Oullins montre qu'il faut également préserver les spectateurs qui s'engagent pour organiser des événements touchant d'autres publics encore, croyant également que le cinéma n'est pas 24 fois la vérité par seconde comme le disait Godard mais une vérité à décrypter avec des experts, des spécialistes pour un public avide de comprendre ce que le cinéma se propose de lui montrer.

Que le cinéma fasse encore vibrer la société, qu'il conserve ses fonctions de divertissement des masses mais aussi de générateur de débats citoyens, c'est tout ce que revendiquent les "faiseurs" de "À nous de voir". Et ils le font bien. Parce que le cinéma reste peut-être le dernier lieu où les citoyens de toutes conditions peuvent encore se rencontrer et discuter de ce que devient la société après le visionnage d'un film, interprétation sensible du monde par un réalisateur.
Espérons que leurs efforts leur permettront de trouver une solution qui permettra de pérenniser le festival, de le développer, avec le soutien bienveillant d'une MJC qui doit permettre l'émancipation des projets citoyens.

À bientôt
Lionel Lacour

mercredi 19 novembre 2014

"La grande illusion" ou l'ambiguïté permanente

Bonjour à tous

1937, Jean Renoir réalise certainement son plus grand film. La grande illusion fait partie de ces œuvres qui ont une modernité permanente. Le scénario, le rythme, le jeu des acteurs (si on excepte Carette dont le phrasé est vraiment marqué "années 30"!), tout concourt à faire de ce long métrage un objet cinématographique indémodable. À sa sortie, l'enthousiasme est quasiment unanime. De l'extrême droite à l'extrême gauche, tous voient dans La grande illusion LE chef-d'œuvre. Et il faut reconnaître que le scénario de Charles Spaak et de Jean Renoir et la maîtrise de la mise en scène du réalisateur sont autant d'éléments qui viennent confirmer objectivement la qualité du film. Cependant, le film recèle quelques ambiguïtés dérangeantes.

Bande annonce:


mercredi 12 novembre 2014

Recherche d'intervenant pour le film iranien "La vache"

Bonjour à tous

Malgré tous leurs efforts depuis 3 semaines, l'association "Enjeux sur image" n'a pas trouvé d'intervenant pour parler de ce film iranien inédit à Lyon mais très connu dans sa communauté.
Ce film sera projeté à Lyon le 13 novembre. Si vous connaissez-vous quelqu'un qui pourrait animer le débat avec le public, contactez moi au plus vite pour que je vous mette en relation avec cette association.

Vous pourrez disposer du DVD et de liens sur des articles pour préparer l'intervention.
Merci d'avance


Lionel Lacour

mercredi 5 novembre 2014

Marc Ferro et Pierre Sorlin: les continuateurs

Bonjour à tous,

Après mes articles consacrés à S. Kracauer (Kracauer, l'Allemangne et le cinéma)et à E. Morin (Edgar Morin, un anthropologue du cinéma), ce nouveau post propose d'aborder leurs successeurs dont les travaux universitaires ont finalement eu une portée plus grande encore sur le lien entre le cinéma et les sociétés qu'il filme. Deux voies ont été envisagées mais qui arrivent finalement aux mêmes conclusions : une approche historienne, une autre plus sociologique.


  
« Histoire et Cinéma » : l’œuvre de Marc FERRO

Marc Ferro est un historien spécialiste du XXème siècle, et notamment des questions coloniales. Il s’est aussi spécialisé dans l’exploitation des sources nouvelles du XXème siècle, c'est-à-dire les films. Le recours à ces sources l’a alors conduit à travailler plus précisément sur l’apport de ces sources aux historiens et à en définir quelques principes de base.
Dès la fin des années 60, Marc Ferro publia des articles montrant la possibilité d’utiliser le cinéma dans l’étude historique d’une période. Mais c’est en 1975 qu’il publie son œuvre majeure sur la question, Analyse de film, analyse de société. Dès la page 12, il assène une vérité tellement évidente aujourd’hui mais qui n’allait pas forcément de soi pour les historiens : « Tous les films sont objet d’analyse. »

lundi 3 novembre 2014

Kracauer, l’Allemagne et le cinéma

Bonjour à tous,

« Je suis persuadé que par une analyse des films allemands, on peut parvenir aux dispositions psychologiques qui prédominaient en Allemagne de 1918 à 1933 – des dispositions qui ont alors influencé le cours des événements et avec lesquelles il faudra compter dans l’ère post-hitlérienne.
J’ai certaines raisons de croire que l’utilisation faite ici des films en tant que moyen de recherche pourrait être appliqué avec profit à l’étude du comportement des masses aux Etats-Unis et ailleurs. Je pense aussi que des études de ce genre pourraient aider dans la planification des films – pour ne pas mentionner d’autres moyens de communication – qui servent effectivement les buts culturels des Nations Unies. »

            Voici ce qu’écrivit Siegfried Kracauer en 1946 en Préface de son livre De Caligari à Hitler, une histoire psychologique du cinéma allemand, traduit en France qu’au début des années 1970. De fait, l’œuvre de Kracauer est

dimanche 2 novembre 2014

"Le corniaud": la France des Trente glorieuse

Bonjour à tous

Le corniaud, réalisé par Gérard Oury en 1965, réunit deux acteurs majeurs de la comédie française. S'ils avaient déjà travaillé ensemble, notamment dans La traversée de Paris, c'est la première fois qu'ils tiennent la vedette à part quasi égale dans un film dont le succès entraînera la production de La grande vadrouille l'année suivante. Le corniaud plonge d'emblée le spectateur dans une atmosphère coutumière, celle du départ en vacances. Et malgré les aventures rocambolesques du héros, Antoine Maréchal (Bourvil), tout le film va rester dans ce registre. Seul Léolpold Saroyan (incroyable Louis de Funès) semble s'éloigner du Français moyen tel que se l'imaginaient les spectateurs de 1965.

Bande annonce:



La société de consommation
Une 2 CV, des bagages, quitter Paris pour des vacances en Italie. La première séquence est une sorte de constat d'évidence. Les Français ont vu