samedi 23 novembre 2013

"Les tontons flingueurs" sans papa

 Bonjour à tous,

les tontons étaient partis les uns après les autres, mais leur papa résistaient malgré une santé de plus en plus fragile. Cette nuit du 22 au 23 novembre lui aura donc été fatale, peut-être une nuit comme les aimait tant le Mexicain, autre héros pittoresque des Tontons.
Mais que reste-t-il vraiment de Georges Lautner? Pour bon nombre de cinéastes d'aujourd'hui, pas grand chose. Est-il cité par eux comme inspirateur de leur travail? Rarement pour ne pas dire jamais. Au mieux, on évoque ses films. Quelques films. Les Barbouzes, Le monocle et forcément, Les tontons flingueurs. Mais souvent en citant d'abord les dialogues d'Audiard. En rappelant les acteurs, Jean Gabin, Paul Meurisse, Lino Ventura, Alain Delon, Bernard Blier et les autres. Mais de lui, Georges Lautner, pas grand chose.




C'est que son cinéma n'est pas un cinéma "d'auteur". À la question qui était posée à Lino Ventura quant à ses choix de faire des films commerciaux plutôt que des films d'auteur, il répondait "un film d'auteur, c'est un film commercial qui n'a pas marché en salle". Et Lautner a vu ses films marcher en salle. Pas tous, bien sûr. Car il faut reconnaître que dans sa production (42 films tournés pour le cinéma), il n'y a pas eu que des chefs-d'œuvre. Mais beaucoup.

Le cinéma de Lautner ressemblait aux spectateurs. Le cinéma populaire, celui raillé par ceux de la Nouvelle Vague, le "cinéma à papa" si moqué était régénéré par le fils de Renée St Cyr. Et curieusement, incroyablement, les jeunes spectateurs ont suivi ce cinéma, même plus de 20 ans après son premier film! Dingue non?
Ventura, Lautner et Mireille Darc sur un plateau de tournage.

Ce qui a gêné beaucoup de cinéastes de "films d'auteur", c'est que tous ces sujets étaient traités de manière légère. Pas de film thèse chez Lautner. Beaucoup de comédies et de scénarios primant le spectacle à l'analyse sociétale chez ce cinéaste. Et pas assez de cinéma.
Ah bon? Sauf que le succès des films de Lautner tient en une recette finalement assez simple. Il osait montrer les mutations de la société dans des scénarios apparemment facile. Dans Les tontons flingueurs, il évoque pêle mêle le rapprochement franco allemand, la réalité des trafics en tout genre, la fin des maisons closes et leur clandestinité, l'émergence de l'art contemporain et bien d'autres choses encore.
Les barbouzes s'inscrit dans la crainte de l'arme atomique, la coexistence pacifique et ses limites et l'émergence de la puissance chinoise.
Dans Quelques messieurs trop tranquilles se confrontent la France rurale en pleine désertification et la jeunesse hippie en quête de renouveau de société, plus libre et plus égalitariste.

Enfin, dans les polars des années 1970 et 1980 dont Jean-Paul Belmondo était la star incontestée, sa caméra présentait les bas fonds de Paris et son monde interlope comme peu d'autres films ne l'ont montré avant et après lui.
Reste le cinéma. Lautner n'aurait été qu'un faiseur, un petit artisan?






Lautner s'est aussi essayé à ce cinéma.
Et avec talent. Mort d'un pourri réalisé en 1977 évoquait la corruption à tous les niveaux d'un État et des entreprises multinationales, le tout avec un casting plutôt incroyable: Alain Delon, Ornella Muti, Stéphane Audran, Klaus Kinski, Maurice Ronet...
Le plus simple pour argumenter sur les vrais talents de metteur en scène de Georges Lautner est de revoir le documentaire qui lui avait été consacré sur France télévision dans la série "Empreinte":
http://www.france5.fr/et-vous/France-5-et-vous/Les-programmes/LE-MAG-N-16-2012/articles/p-15703-Georges-Lautner-les-copains-d-abord.htm


L'hommage qui sera rendu à ce cinéaste rappellera, je l'espère, que le cinéma français a perdu un metteur en scène qui savait faire du cinéma populaire au sens noble du terme, ce cinéma familial qui générait des héros auxquels on voulait s'identifier. Un cinéma forcément usé aujourd'hui. Mais qui n'a pas trouvé véritablement d'héritier.

Merci Monsieur LAUTNER

Lionel Lacour

VOIR AUSSI sur ce blog: Les tontons flingueurs, un film homophobe?

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