vendredi 26 avril 2013

Les secrets d'Hollywood: une passion des "majors" de l'âge d'or du cinéma


Bonjour à tous,
À l'occasion de la sortie de l'ouvrage de Patrick Brion, historien du cinéma et créateur du "Cinéma de Minuit", hier sur FR3, aujourd'hui France 3, je vous propose cette chronique de ce livre édité par La librairie VUIBERT et dont la cible est évidemment tous ceux qui raffolent du cinéma hollywoodien et qui regrettent que "La dernière séance" n'ait pas été remplacée...

lundi 15 avril 2013

5ème Lundis du Mégaroyal à Bourgoin: NOIRS AMÉRICAINS

Bonjour à tous

Comme chaque année au mois de Mai, Cinésium et le Mégaroyal organisent à Bourgoin Jallieu "Les lundis du Mégaroyal", une occasion de voir des films du patrimoine avec une présentation et une analyse tout en images pour les séances du soir.
Cette année, le Consulat des États-Unis sera partenaire pour cette édition dont le thème est NOIRS AMÉRICAINS, pour voir ou revoir quelques chefs-d'œuvres...

À bientôt 
Lionel Lacour



samedi 13 avril 2013

La famille française des années 1950 à aujourd'hui dans le cinéma populaire


Bonjour à tous

Le cinéma français comme d’autres cinéma s’est souvent attaché à montrer sa vision de la famille destinée à toucher les spectateurs. La dramaturgie filmique des films abordant cette thématique joue sur une corde assez sensible et finalement assez commune au travers des époques. Filmer une famille heureuse n’a finalement que peu d’intérêt. En revanche, montrer les failles ou les plaies d’une famille, voilà qui crée bien de l’intérêt pour les spectateurs. Dès lors, c’est bien de ces faiblesses montrées à l’écran que nous pouvons mieux comprendre à la fois le modèle familial qui est en jeu au moment de produire le film et les difficultés pour atteindre ce modèle. Si la question dramaturgique pose donc peu de question, c’est bien le comment cette dramaturgie est mise en place qui importe et avec cela, comment cette représentation en dit long sur la société et sa perception de la famille. C’est autour de six films de réalisateurs de films populaires que je vous propose cette petite analyse.

  1. Une famille, un ou des parents, un ou des enfants: un modèle cabossé
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les familles connaissent divers traumatismes, que Denys de la Patellière aborde dans Rue des prairies, faisant du personnage joué par Jean Gabin, le père d’enfant dont l’un fut engendré alors même qu’il était prisonnier. Pourtant, il l’élève comme son propre fils, même après la disparition de sa femme. Le cinéma à Papa jouait sur la fibre paternelle et masculine. Paradoxalement, François Truffaut, réalisateur de la Nouvelle Vague qui avait tant critiqué ce cinéma dépassé, ne montrait pas une meilleure image de la mère dans son premier film Les 400 coups. Volage, peu aimante, elle ne permet pas au jeune Antoine Doisnel de se construire dans un modèle familial solide. S’il essaie d’être aimé par elle, celle-ci se détourne de ce modèle maternel qui lui serait imposé par la société, comme elle se détourne de la fidélité à son mari. Dans ces deux films, c’est la mère qui est mise sinon en accusation, du moins en cause dans la perturbation du modèle familial classique.
En 1973, La gifle de Claude Pinoteau semblait reprendre le même schéma. Lino Ventura incarnait un père ayant la charge de sa fille, étudiante en médecine, interprétée par Isabelle Adjani. Or il vit une relation avec une femme qui n’est pas son épouse officielle tandis que la mère de sa fille, Annie Girardot, vit sa passion avec un Australien. Ils ne sont pas divorcés. Et si c’est bien la femme de Lino Ventura qui est partie, il n’y a plus d’accusation du réalisateur dans cet amour vécu par elle. C’est une famille éclatée qui est présentée, en rupture avec les modèle précédent, avec la banalisation d’un mariage qui s’est fini parce qu’il n’y avait plus assez d’amour, avec la difficulté aussi du père/mari de se trouver dans cette situation.
En 1980, le même Claude Pinoteau continuait son approche de la famille avec La boum présentant un couple au-dessus de tout soupçon, semblant vivre un parfait amour. La mère, jouée par Brigitte Fossey, travaille, est autonome comme un homme mais doit faire face à l’infidélité de son mari incarné par Claude Brasseur. Cette famille présente une caractéristique nouvelle par la présence de l’arrière grand-mère de Vic – Sophie Marceau – interprété par Denise Grey. Ce personnage haut en couleur est aussi l’incarnation d’une nouvelle figure de la famille moderne, celle d’une personne du troisième âge qui mène une vie autonome et moins dépendante de ses enfants. Si la morale du film est sauve avec un happy end, ce même happy end est présent dans La crise de Coline Serreau en 1992. Pourtant, le personnage du mari interprété par Vincent Lindon n’a pas trompé sa femme. Il l’a juste négligé. Et la soudaine absence de celle qu’il aime va lui faire prendre conscience de cette famille à laquelle il aspire. Il découvre stupéfait que d’autre modèles existent, famille éclatées et recomposées qui seraient heureuses alors que lui ne semble plus l’être. Même sa mère refait sa vie avec un homme plus jeune qu’elle! Si sa femme revient, c’est parce que c’est lui qui a dû s’amender de son comportement entièrement tourné vers son travail. Ce qui pouvait être valorisé dans les films des années 1950 est désormais montré comme un élément négatif dans la vie de famille. L’épouse est désormais à la fois amante, mère et indépendante économiquement. La fonction “nourricière” du mari est donc obsolète car le contrat social du couple, qu’il passe de manière formelle par le mariage ou par un accord tacite, ne repose jsutement plus sur cette répartition des fonctions de chaque membre du couple. La famille du film LOL de Lisa Azuelos en 2008 en témoigne de manière assez stupéfiante, faisant du mari de Sophie Marceau – et père de Lola, héroïne du film – un personnage quasi absent, divertissement sexuel du personnage de la mère, père cadeau de sa fille mais plus vraiment décideur de la vie de famille dans laquelle la mère est désormais la seule à décider de tout, à commencer par l’éducation de sa fille.

  1. La représentation de l’autorité parentale: une évolution en phase avec celle de la société
Si la représentation de la famille évolue, c’est également celle de l’autorité parentale, et particulièrement paternelle qui voit son image se transformer: autoritaire chez Denys de la Patelière, oscillant entre l’ouverture née de 1968 et le conservatisme d’antant dans La gifle, cette autorité évolue rapidement vers l’incompréhension totale d’un père qui ne comprend plus les aspirations de ses enfants. C’est particulièrement vrai dans La boum, jusqu’à la quasi absence de la figure masculine de l’autorité, par exemple dans LOL. A la régression du rôle paternel se substitue au contraire le rôle de plus en plus important de la mère, deplus en plus présente, jouant progressivement le rôle habituellement attribué au père.
Si dans Les 400 coups, l’autorité de la mère apparaît comme une autorité négative, preuve du non amour de son fils, rendant par la même occasion la figure du père particulièrement insignifiante, la mère de Vic dans La boum n’hésite pas à la punir. La figure de Poupette, la grand-mère pétillante, reprenant finalement le rôle de la mère qui passait derrière la sanction du père pour la faire accepter à ses enfants. Dans La gifle, l’autorité paternelle contestée, remise en cause par sa fille est curieusement argumentée par sa perte d’emploi. Tombé de son piedestal, le père ne peut alors plus se prévaloir de cette autorité que son statut social lui conférait, y compris dans sa famille. C’est au contraire l’autorité de la mère lointaine qui s’impose. L’éloignement du père d’autrefois du fait de son temps passé au travail se substitue à celui de la mère qui a choisi sa vie en toute liberté.
Cette autorité parentale est représentée aussi par des prises de décisions parentales qui sont censées donner des repères aux enfants. Si ceux-là sont d’abord moraux, ils doivent aussi s’accompagner de l’exemplarité des parents quant à leur respect de leurs précepts. Cette autorité est alors entière dans Rue des prairies, le père étant une image même de la rectitude morale. Au contraire, le rôle de la mère de Lola dans LOL est bien plus difficile à tenir tant elle n’est pas en accord avec les principes qu’elle impose à sa fille. Cinématographiquement, le père de Rue des prairies est montré comme une figure forte, pouvant remettre en place sa fille et son amant qui a 50 ans comme lui, tandis que la mère de Lola culpabilise de son oncapacité à appliquer les règles qu’elle édicte et se réfugie dans une posture d’adulescente inexistante au cinéma dans les décennies précédentes.
Enfin, c’est surtout la notion de séparation des informations qui concernent les parents des enfants qui se transforme particulièrement et qui se transpose au cinéma. Si la famille du film de Denys de la Patelière vit avec des secrets que tout le monde connaît mais dont personne ne parle, il s’agit bien d’une représentation des années 1950. Même le film de Truffaut évoque des non-dits, des cachoteries que le fils ne doit pas connaître. Or, progressivement, la frontière est plus floue entre ce qui doit être dit aux enfants par les parents et ce que les enfants peuvent admettre de leurs parents. Le personnage de Lino Ventura se livre à sa fille qui lui manque de respect dans La gifle. Dans La boum, Vic se confie à son arrière grand-mère et exclut ses parents de sa vie privée, jusqu’à parfois les exlure de leur propre appartement! A l’image, Claude Pinoteau reste néanmoins dans la discrétion des histoires d’adultes. Les relations du père et de la mère du personnage d’Isabelle Adjani sont évoquées de manière très discrètes. Dans La boum, ce que Claude Brasseur et Brigitte Fossey se disent est certes montré mais le spectateur n’entend rien. Cette intimité est absolument effacé dans LOL. La mère ne se cache plus vraiment de ses relations tumultueuses avec son ex mari ou avec son amant tandis que sa fille ne préserve pas particulièrement son intimité avec sa mère. Pis encore, les autres parents du film, montrés comme des réactionnaires dans leur modèle éducatif sont raillés jusqu’à ce qu’ils évoluent et acceptent les décisions prises par leurs enfants.


CONCLUSION

Les films du cinéma populaire français ont donc accompagné l’évolution de la société, particulièrement dans l’image qu’ils ont renvoyée de la famille. Pas prophétiques, souvent en phase avec les tendances qui n’étaient parfois encore que naissantes, ces films ont été des succès en salle et constituent des marqueurs pour des générations. Pourtant, les différences entre ces films provient du point de vue des réalisateurs. Paradoxalement, les deux films de 1959 ont chacun un point de vue clair. Rue des prairies suit le point de vue du père tandis que Les 400 coups prend ouvertement le point de vue du jeune héros. Les autres films sont eux beaucoup plus hésitants, suivant le point de vue des parents comme des enfants. Seul La crise suit le point de vue exclusif du héros, Vincent Lindon. Mais c’est qu’il est à la fois père, époux et fils dans le film! Cette hésitation récurrente dans le point de vue à suivre dans le cinéma n’est peut-être pas anodin et témoigne certainement d’une réalité de la famille française, qui subit une influence venue d’outre-Atlantique qui affirme le règne des enfants sur les adultes, comme en témoignent les teen-movies, mais qui tente de résister en cherchant ses racines dans la prééminence de l’adulte dans la famille. Reste à savoir ce qui adviendra de la famille française. Pour le savoir, il faudra peut-être aller en salle de cinéma!

À bientôt
Lionel Lacour

mercredi 10 avril 2013

"Pasolini, mort d'un poète" à l'Institut Lumière

Bonjour à tous

Le vendredi 26 avril à 20h30

Le cinéaste italien 
Marco Tullio Giordana présentera son film Pasolini, mort d'un poète réalisé en 1995.

Marco Tullio Giordana est un cinéaste engagé dans l'histoire de son pays et livre à travers ses films une vision sans concession de l'Italie. Il a notamment réalisé Nos meilleurs années et Les Cent pas.

Le film qu'il viendra présenter le vendredi 26 avril à l'Institut Lumière part d'un fait divers qui a meurtri à la fois l'Italie mais également les cinéphiles du monde entier. En effet, le 1er novembre 1975 à Ostie, Pier Paolo Pasolini était découvert sans vie sur un terrain vague. Le procès qui a suivi coupa l'Italie en deux...
Adoptant un traitement oscillant entre le polar et le documentaire, Marco Tullio Giordana revient sur cette mort pour le moins mystérieuse du cinéaste à l'œuvre si controversée, si puissante et si contestataire d'un ordre moral établi, réalisant entre autres Accatone,  L'évangile selon Saint Mathieu et bien évidemment Salo ou les 120 jours de Sodome réalisé l'année de sa mort.

Pasolini, mort d'un poète: Un film à découvrir d'urgence!

Tous renseignements et billetterie à l'Institut Lumière
www.institut-lumiere.org
04 78 78 18 95


À bientôt
Lionel Lacour

vendredi 5 avril 2013

"Outreau, l'autre vérité" au Mégaroyal de Bourgoin Jallieu


Bonjour à tous,


PROJECTION EXCEPTIONNELLE DU DOCUMENTAIRE
OUTREAU, L’AUTRE VÉRITÉ – 2013 – 92 minutes
LUNDI 29 AVRIL 20H00

Après la projection en clôture des 4èmes Rencontres Droit Justice Cinéma, une nouvelle soirée dans la région Rhône-Alpes est consacrée à ce documentaire choc.
Ce film, réalisé par Serge GARDE en 2012 et qui revient sur cette affaire judiciaire que certains ont appelé « le fiasco d’Outreau » mais en partant du point de vue trop souvent oublié, celui des enfants reconnues victimes a été refusé par les télévisions, peut-être parce qu’elles se sont senties mises en cause dans ce documentaire, la société Zelig a alors décidé de le distribuer dans les salles de cinéma partout en France.

Documentaire extrêmement documenté, interrogeant de nombreux témoins directs de cette affaire mais également des experts incontestables, le film de Serge GARDE ose rappeler aux spectateurs comment la tourmente médiatique a créé une atmosphère peu propice au travail serein de la justice.

Bernard de la VILLARDIÈRE, journaliste et producteur de ce documentaire choc, sera présent à cette soirée. À cette occasion, je l'interrogerai et il expliquera pourquoi il s’est lancé dans la production de ce film puis répondra aux questions des spectateurs.

Renseignements et achat des places:
MÉGAROYAL – Multiplexe indépendant de Bourgoin Jallieu – 12 salles 
6 place Jean-Jacques ROUSSEAU

 À très bientôt

Lionel Lacour

mercredi 3 avril 2013

La chevauchée des bannis: un pré - Peckinpah?

Bonjour à tous,

tout a été dit semble-t-il sur ce film d'André De Toth, réalisé en 1959. La chevauchée des bannis, mis à l'honneur par le cinéaste Bertrand Tavernier qui a réhabilité ce réalisateur d'origine hongroise dans son livre Amis américains, est un film d'une beauté rare: noir et blanc magistral, travail sur la représentation d'une nature hostile et sauvage comme jamais, thème musical utilisé avec parcimonie et qui soutient véritablement les séquences plutôt que de couvrir l'ensemble du film, casting irréprochable. Réalisé la même année que Rio Bravo (voir à ce propos mon article consacré à ce film), il y a des points communs quant à cette manière minimaliste de représenter l'espace habité. Pourtant, si le premier fut un succès considérable, La chevauchée des bannis fut un échec cuisant, poussant son réalisateur hors d'Hollywood pendant des années et n'y revenant que pour deux films. Comment alors expliquer l'absence de succès pour une œuvre que chacun aujourd'hui considère comme la plus aboutie du réalisateur, et sans conteste un sommet du 7ème art?
La modernité du traitement du sujet n'y est certainement pas pour rien et les spectateurs qui allaient encenser Sam Peckinpah quelques années plus tard n'étaient pas encore ceux qui remplissaient les salles.

La faillite de l'Etat au cinéma: retour sur la soirée d'ouverture des 4èmes Rencontres Droit Justice Cinéma



Bonjour à tous,

Le 18 mars 2013, Didier Migaud ouvrait les 4èmes Rencontres Droit Justice Cinéma par une conférence sur "la faillite de l'État au cinéma". Il n'est pas question ici de revenir sur ses propos mais bien de présenter ce sur quoi le Premier Président de la Cour des Comptes avait préparé son intervention, répondant notamment aux questions de Jean-Jacques Bernard et aux miennes (la conférence devrait bientôt être en ligne sur le site www.droit-justice-cinema.fr).
Le cinéma a assez rarement évoqué les faillites à l’échelle de l’Etat, montrant soit le rôle des hommes et du système, soit un changement d’échelle avec la représentation de la faillite d’une ville. Le récit même de la faillite est d’ailleurs assez difficile à filmer en soi sinon par le documentaire. De fait, le cinéma peut alors présenter les conséquences plus locales et les réponses à la faillite par les solutions trouvées pour y faire face, légales ou non!
L’objectif de cette conférence est donc de montrer les représentations des faillites (ou mauvaise gestion) des États et des conséquences, quels que soient les genres utilisés ou les objectifs visés par les réalisateurs. Cela implique donc la nécessité de définir la notion de faillite d’un Etat et de ses conséquences :si l’Etat peut être en faillite, cela n’implique pas forcément la pauvreté des dirigeants, au contraire. C’est cette distorsion entre aisance des dirigeants et misère de l’Etat, donc de la population, qui crée alors des désordres violents.
Les différents films utilisés sont d'origines diverses, de pays et de périodes très différentes, avec des approches esthétiques et des publics cibles eux aussi très variés, permettant de comprendre que ce thème fut abordé de toutes les manières possibles. Ces films évoqueront la notion d'État au sens large, pouvant se réduire à celle de collectivité territoriale pour plus de lisibilité pour les spectateurs. Mais dans le fond, cela ne change rien.

Les sept mercenaires (John STURGES, 1960) permettent, aussi étrange que cela puisse paraître, d'introduire cette conférence. En effet, un village mexicain est ruiné régulièrement par le pillage du bandit Calvera (interprété par Elie Wallach). La faillite est donc due à un élément extérieur (ennemi) mais aussi à la non réaction des habitants du village par acceptation tacite de la population de cette « taxation » de fait qui ne profite qu’à quelques uns.
Nous avons affaire ici à un ÉTAT IMAGINAIRE car :
- il y a une absence d’organisation hiérarchique dans le village au contraire de la bande de Calvera.
- de fait, la bande de Calvera représente cette autorité hiérarchique qui ne vit pas dans le village mais par le travail du village.
L'extrait utilisé est celui de la découverte par Calvera que le village a décidé d'embaucher des hommes pour les défendre de lui et de ses hommes. 
L’extrait montre les symptômes  d’un État en faillite :
- prélèvements fiscaux sur le peuple qui travaille pour le confort d’une classe privilégiée et oisive ou montrée comme telle.
- violence des prélèvements et ruine du peuple
- justification de celui qui opère les prélèvements: c'est pour nourrir ses hommes qui sonon auraient faim
- magnanimité vis-à-vis du peuple qui est laissé en survie
L’extrait montre aussi les conséquences possibles
- réaction violente du peuple contre les oppresseurs
- revendications égalitaires : ceux qui veulent vivre des produits du village n’ont qu’à travailler comme les autres (mot d’un des « mercenaires »)
- mais aussi risque du recours à des « sauveurs » aux mêmes valeurs que les oppresseurs puisqu'ils savent aussi faire parler leurs armes et recourir donc à la violence.


  1. Filmer la faillite de l’État : le recours à l’Histoire ou à la littérature 
Excalibur (John BOORMAN, 1981)
Le mythe arthurien montre comment la quête du Graal menée par les chevaliers pour leur souverain entraîne la ruine du royaume, la misère de la population et sa colère envers ses élites. La séquence présentée correspondait au retour du Chevalier Perceval ayant échoué dans sa conquête du Graal.
L'intérêt esthétique dans la représentation de la faillite dans ce film tient évidemment par la
représentation d'un paysage de désolation, jouant sur des couleurs verdâtre et sombre mêlées à la pluie, le tout accentué par une musique triste et grave et des gémissements permanents et lancinants. 
misère du peuple. Cette représentation s'accompagne de la dénonciation des élites qui conduisent le peuple à la misère pour des considérations futiles et qui ne concernent ici que le Roi (quête du Graal !) et dont le peuple ne peut concevoir l'intérêt au regard de leurs conditions de vie. 



La reine Marie Antoinette et son inconséquence!












Dans La Révolution française - Les années lumière (Robert ENRICO, 1989), une séquence montre la reine Marie Antoinette jouer de l'argent au milieu des différents aristocrates et confondre ses dettes personnelles avec celles de l’État, assurée qu'elles seront payées par son mari le Roi. Necker prévient quant à lui Louis XVI dans la séquence suivante des dettes colossales accumulées par le royaume. L'action se passe en 1788. Deux solutions sont alors proposées pour faire face à la faillite qui menace: dénoncer les dettes auprès des
créanciers ou convoquer les États généraux pour lever de nouveaux impôts.
Ces deux extraits, montés l'un après l'autre par le réalisateur offrent une double représentation de la faillite :
- une reine qui ne comprend pas la situation économique du pays et qui continue à dépenser, entraînant une réaction émotionnelle du spectateur face à une attitude si désinvolte et irresponsable.
Necker présente les comptes au roi Louis XVI
- un roi à qui Necker explique les causes de la banqueroute : dépenses d’Etat et personnelle. Le réalisateur s'attache ici, et ce de manière très didactique, à présenter un roi à la fois sensible et rationnel, refusant à la fois de faire rendre gorge aux créanciers ou d'épuiser encore davantage le peuple et comprenant que le recours aux États généraux constitue une menace pour son autorité de monarque absolu.
De fait, la faillite qui est présentée ici relève de la sclérose d'un système étatique reposant sur une gestion archaïque des finances publiques.
Ce film avait un aspect de cinéma officiel lié au bicentenaire de la Révolution française. Sa présentation de la situation du Royaume de France avec 1789 pouvait pécher par excès de pédagogie et même d'idéologie.

Plus étonnant, est le cinéma qui s'adresse à un public qui ne recherche pas un spectacle politique ou historique et qui peut être cependant confronté à des représentations de la faillite d'un État selon les mêmes caractéristiques que pour des films didactiques. Ainsi, Le roi Lion (Roger ALLERS – Rob MINKOFF, 1994)
transposition en film d’animation de l’œuvre de Shakespeare – Hamlet – décrit comment un royaume florissant est transformé en monde des ténèbres par un régicide tyrannique. L'intérêtest alors évidant. Les réalisateurs proposent une représentation noire d’un Etat en faillite. De la verdure initiale, il ne reste que des couleurs noires et grises. La luxuriance végétale est remplacée par des ronces et des mauvaises herbes. Et si le recul de la production touche aussi ceux qui dirigent l’Etat, le spectateur comprend très vite que ce ne sont pourtant pas les plus à plaindre. La non représentation des sujets de Scar, lion tyrannique et régicide, témoigne du sort qui leur est réservé et du peu de cas que leur roi fait d'eux. Ainsi, cette dictature est montrée comme liberticide et cause de la faillite, faisant fuir tous ceux qui dans le royaume pourraient lui permettre de sortir de cette situation. Ici le bétail. Cette vision de la faillite d’un Etat donnée aux enfants est donc très graphique, mais, à y regarder de plus près, n'est pas si éloignée de celle d'Excalibur ou des images des reportages télévisés!

En plongeant les spectateurs, jeunes ou adultes, dans des représentations du passé, puisées dans l'Histoire ou dans la littérature, en esthétisant extrêmement l'image de la faillite, les réalisateurs interprètent par l'image le sens même de la faillite. Ils en donnent les raisons et les conséquences immédiates. Ils montrent surtout l'urgence dans laquelle se trouvent les Etats, et dans ces trois exemples, des Royaumes.
D'autres genres cinématographiques ont pourtant évoqué la faillite de l'Etat, présentant d'autres aspects, d'autres angoisses, d'autres conséquences, d'autres origines.

2. Le cinéma d’anticipation : révéler la faillite de l’État par d’autres faillites
S'il est un genre cinématographique qui a montré la faillite de l'État, c'est bien celui de l'anticipation. À ceci près que la faillite est montrée sous l'angle de ses conséquences. Ainsi Soleil vert (Richard FLEISCHER, 1973)
montre le monde au début du XXIème siècle souffrant de sur-population, de chômage massif et de raréfaction des ressources naturelles (énergie, produits de l’agriculture). La faillite économique se manifeste par une non gestion globale de ces différentes ressources et par le chaos, notamment urbain que cela entraîne.
Cet État est en faillite car il est incapable d’assurer la sécurité alimentaire de sa population, car il recourt à la police aux agissements répressifs et brutaux pour disperser une foule ne réclamant qu'à acheter de la nourriture de base. Visuellement, les dégageuses, machines ressemblant à des engins de travaux publics, montrent la violence d'un État devenu incapable de résoudre humainement ces situations.Esthétiquement, les couleurs verdâtre et ocre créent une ambiance de pollution forte, signe de mauvaise gestion environnementale et dont le spectateur perçoit les conséquences d'un mauvais développement économique.


Si Soleil vert était ouvertement un film ancré dans une réflexion idéologique du début des années 1970 remettant en cause la course au développement industriel, Retour vers le futur 2 (Robert ZEMECKIS, 1989) se positionnait lui clairement comme un film de divertissement et de science fiction amusante. Le jeune héros, Marty Mc Fly, voyage dans le temps avec Doc jusqu’à ce qu’il revienne à son époque, découvrant alors que tout a changé : plus d’école, police inefficace, disparition de la justice plongeant la population dans le chaos, tandis que la ville semble désormais appartenir à un milliardaire. En retournant à son époque, le spectateur oublie la machine qui lui a permis de remonter le temps et le film devient alors film d'anticipation. Dès lors, c'est bien un État en faillite qui est présenté, faillite se manifestant par l’abandon de ses missions régaliennes, que ce soient le police ou la justice dont le palais a été remplacé par un casino! Même l'école n'existe plus après avoir été brûlée depuis des années. Ce recul de ce qui devraient être administré par l'autorité politique coïncide à la prise de pouvoir effective d'une puissance financière. A l'intérêt public s'est substitué un intérêt privé, particulier. Si les mêmes valeurs sont proclamées, "dieu protège...", si la population se réfère à celui qui détient la puissance économique, ce n'est que pour ressembler à ce modèle qui repose sur un enrichissement individuel. La notion même de l'État semble avoir disparu et cette représentation cinématographique mêlant la comédie au réalisme de la situation n'en est pas moins effrayante. Derrière l'humour, le réalisateur, américain, n'hésite pas à montrer ce que pourrait être un pays sans État qui assumerait ses charges fondamentales: défendre l'individu dans l'intérêt collectif de la société pour éviter que le pouvoir n'appartienne de fait à un seul homme. En 1989, le recul de l'État était une véritable proclamation de foi de la part des Républicains, de Reagan à George Bush senior. Zemeckis en rappelait les conséquences néfastes. 


Et c'est également la crainte d'un pouvoir transféré aux puissances financières qui inspire le film Time out (Andrew NICCOL, 2011). Dans un futur où le temps est devenue la monnaie en vigueur et est distribuée de manière très inégalitaire, deux héros décident de voler ce temps aux banques pour le distribuer aux plus nécessiteux, provoquant une faillite systémique du pays. Dans ce film, l'État et ses rouages semblent définitivement absent. Si une police semble exister, elle apparaît comme étant un attribut de la défense des intérêts de la Banque, même si certains de ses membres témoignent d'une certaine indépendance vis-à-vis de celle-ci. Quand la monnaie (le temps) est volé, cela cause une faillite dont la propagation s'observe sur une carte se situant justement dans la Banque. Les autorités politiques sont totalement absentes et seule l'entreprise financière apparaît concernée par ce qui arrive. De fait, les seules autorités évoquées, les gardiens du temps, sont dépassées et inefficaces. La faillite de l'État provient donc de la faillite du système puisque le pouvoir est manifestement détenu par les banques. Attaquer les banques, c’est causer la faillite de l’ensemble, donc d'un État qui n'existe plus que pour le bon fonctionnement d'un organe financier. Les voleurs jouent alors un rôle «positif » car ils distribuent le temps au peuple. La faillite de l’Etat n’est finalement ici que la conséquence d’un pouvoir entièrement transféré au système bancaire et qui verrait ses caisses se vider… Toute ressemblance avec des événements récents ou actuels étant évidemment que pure coïncidence puisqu'il s'agit d'un film évoquant le futur!


3. Cinéma et dénonciation idéologique de la faillite de l’État
Pourtant, de nombreux films ont évoqué eux la faillite passée de l'État, le plus souvent pour en dénoncer les pouvoirs en place. Dans La fin de Saint Petersbourg (Vlesovod POUDOVKINE, 1927), ce film soviétique démontre combien l’entrée en guerre de la Russie en 1914 puis la révolution bourgeoise de février 1917 ont été la volonté d'intérêts tsaristes puis bourgeois mais s'appuyant toujours sur l’exploitation du peuple. Celui-ci doit alors subir la ruine de l’État dont tout le budget passe dans l’effort de guerre. Cette ruine est bien un des symptômes de la faillite de l'État, devenu incapable de nourrir sa population. Mais cette ruine de l’Etat est montrée différemment selon que l’on fait partie du peuple ou que l’on profite de la guerre, notamment par les profits boursiers réalisés sur les entreprises sidérurgiques ou sur les manufactures d'armes. Ainsi, si la cause de la faillite d’un Etat est due à la guerre menée par l’État (dirigeants et bourgeoisie), elle est payée par le peuple. L'effort de guerre enrichit la bourgeoisie et appauvrit le peuple qui travaille sans pouvoir se nourrir. Le renversement du pouvoir tsariste ne change rien car ceux qui l’ont remplacé vivent du même système. Ce film bolchévique est à la fois anti-tsariste et anti-menchévique. Ce n'est pas la guerre qui est remise en cause. C'est le fait que celle-ci ne fait ressentir ses effets que sur la partie de la population la plus faible: soit elle meurt de faim en s'épuisant au travail, soit elle meurt au front.


Dans Monsieur des Lourdines (Philippe de HÉRAIN, 1943) écrit d’après l’ouvrage de A. de Chateaubriant, écrivain collaborationniste et réalisé par le beau-fils de Pétain, l’action se situe à l’époque de Louis-Philippe. Elle est pourtant en réalité une parabole favorable au régime de Vichy : Monsieur des Lourdines représente Pétain et Vichy. « Ton pays », lance-t-il à son fils, est un espace campagnard marqué par la présence de la croix chrétienne. Y est dénoncé la frivolité de Paris et son inconséquence incarné par son fils. Le héros est présenté comme faisant face à la faillite de son domaine par les emprunts contractés par son fils à un dénommé Muller, emprunts remboursés en mettant en vente la moitié du domaine et laissant très peu de revenus pour vivre. La comparaison est aisée pour justifier l’état de faillite dans lequel se trouve des Lourdines, et par extension, l’État français. De là à attribuer la cause de la ruine de la France aux fautes de la IIIème République et à ses valeurs futiles, il n'y avait qu'un pas que les spectateurs de 1943 pouvaient facilement faire!  Cet extrait marque là un des intérêts majeur du cinéma puisque c'est bien l’effet cinéma auquel a recours le cinéaste. Le spectateur de 1943 comprend par identification-projection que ce dont le film parle est la dénonciation de la faillite provoquée par la IIIème République et qu’a dû gérer Pétain, notamment en acceptant les clauses économiques imposées par Hitler, étranglant la France mais lui rendant son « honneur » ! 
Comme le régime tsariste, la révolution bourgeoise de février 1917 ou l'incompétence de la IIIème République furent dénoncées par les cinéastes comme étant la cause de la faillite de leur État, les démocraties ne se sont pas non plus privées de dénoncer ceux qui provoquèrent la faillite de l'Europe durant la seconde guerre mondiale, et en premier lieu, celle de l'Allemagne. 

Dans Allemagne, année zéro (Roberto ROSSELLINI, 1948), l'ouverture du film fait un état des lieux de la faillite de l’Allemagne. La cause est explicite : la guerre et la folie des dirigeants nazis. La conséquence est visible : enfants orphelins, régression économique, famine. Ce que Rossellini montre, c'est tout d'abord une visualisation de la faillite. Si Le roi Lion composait une image de la faillite telle qu'elle pouvait être facilement identifiable dans une fiction, qui lus est en animation, celle du réalisateur italien s'appuie au contraire sur des plans tournés en Allemagne, après la chute de Berlin. Les amas de ruines, immeubles éventrés s'ajoutent à des commentaires dénonçant la folie destructrice et meurtrière de l'idéologie nazie dont les conséquences sont objectivement visibles. La destruction de la ville, la saignée démographique, le nombre d'orphelins que subit l'Allemagne sont autant de symptômes de la faillite d'un pays dirigée par un pouvoir politique obnubilé par tout sauf par l'intérêt réel de son peuple. La séquence montrant un cheval mort en pleine rue sur lequel se ruent des individus pour en tirer la viande à coups de couteau témoigne à quel point l'Allemagne est désormais incapable de nourrir sa population selon un circuit normal d'alimentation.

Si, dans ces trois extraits, les cinéastes dénoncent les régimes qui précèdent la situation de faillite dans laquelle leur État se trouve, dévalorisant l’idéologie de ces régimes pour mieux valoriser celle ensuite en vigueur, seul le dernier peut véritablement s'appuyer sur une faillite due au jusque boutisme d'un régime. En effet, la révolution bolchévique a mis fin à la 1ère guerre mondiale dans laquelle était engagée la Russie, accusant au passage le régime tsariste puis menchévique de la cause de la faillite. Quant au régime de Vichy, les conditions de l'armistice fut le choix de Pétain, choix qui n'était pas le seul qui se présentait puisque d'autres, dont de Gaulle, préféraient la capitulation de l'armée tout en continuant le combat d'ailleurs. La faillite de l'Allemagne nazie ne souffre d'aucune incertitude sur les origines et les responsabilités du régime nazi.


4. Le film réquisitoire des discriminations spatiales nées de la faillite de l’Etat.
Le dernier point soulevé par le cinéma montrant les conséquences de faillites d'État rejoint encore l'extrait des Sept mercenaires. En effet, tout comme dans le film de Sturges, les territoires en faillite, qu'ils soient municipalité ou État, se distinguent par des zonages de populations, celles privilégiées se regroupant, de fait ou volontairement, dans des zones distinctes de celles subissant les conséquences de l'Etat en faillite.
Pour reprendre le cas de l'Allemagne, le film L’homme de Berlin (Carol REED, 1953) compare la situation  entre les deux Allemagnes d'après la seconde guerre mondiale avec un focus sur Berlin en 1953. Par la présentation des Berlinois de l’Est, communistes qui fuient leur zone pour l’Ouest libéral reconstruite et dynamique, le réalisateur montre combien la zone communiste, encore en ruine et économiquement peu dynamique est en réalité en situation de faillite. 
Il s'agit objectivement d'une mise en accusation évidente du totalitarisme soviétique et stalinien. En recoupant les diverses informations de cette séquence dans laquelle le spectateur découvre les deux Berlin, montrant fuite des Berlinois de l'Est, marché noir ou encore échange de la monnaie de la zone Est contre celle de l'Ouest, avec celles dans les parties précédentes qui établissaient les caractéristiques d'un État en faillite, on peut donc en déduire que la zone communiste allemande était de fait une zone en faillite, incapable de reconstruire son territoire ou de nourrir correctement sa population. Seule une dictature liberticide permet alors le maintien en vie d'un tel État, devant faire avec l'existence d'une zone au contraire prospère, reposant sur un autre système économique et politique.
Cette discrimination spatiale était due, dans le cas du film de Carol Reed, à une situation historico-politique particulière, Berlin Ouest étant devenue une enclave malgré elle dans un espace totalitaire. 


Dans Main basse sur la ville (Francesco ROSI, 1963), le réalisateur montre au contraire une seule et même entité politique: la ville de Naples. Or celle-ci, terriblement pauvre comme le montre une longue séquence dans laquelle les habitants d'un quartier central de la ville refusent d'être expulsés pour permettre la construction d'un quartier moderne. L'intervention d’un conseiller municipal de gauche permet alors de mieux comprendre combien la corruption est au cœur de ce projet. L'entrepreneur Nottola, élu de droite qui a obtenu le marché public, montre, avec raison certainement, que ses constructions sont de meilleures qualités, offrant un confort inexistant dans ce quartier populaire. L’élu de gauche ne reproche pas la qualité mais le conflit d’intérêt et le fait que seuls des privilégiés pourront désormais habiter ce quartier, repoussant les habitants qui y vivaient autrefois en marge de la ville. Dans un film très démonstratif,l’élu de gauche s’adresse autant à Nottola qu’aux spectateurs par le regard caméra. Sans l'expliciter clairement, le film témoigne de la faillite d’une ville dont les dirigeants s’arrangent entre eux pour eux ne pas souffrir d’une faillite de fait dont on ignore si elle est due à une mauvaise gestion ou à une faiblesse des ressources. Mais on comprend qu’elle s’accompagne de corruption, profitant à quelques uns aux détriments de la population la plus faible qui ne pourra pas se loger dans ces nouveaux quartiers. Sous prétexte de réhabilitation, la municipalité évite toute politique sociale et trouve un moyen au contraire de retrouver des rentrées fiscales par l'arrivée d'habitants-contribuables plus aisés. Ce film des années 1960 est en quelque sorte visionnaire car, sans évoquer la corruption, bien des villes occidentales ont réhabilité des quartiers populaires avec pour conséquence une "gentrification" de la population, repoussant les plus faibles vers des quartiers périphériques, déplaçant les problèmes sociaux dans d'autres quartiers voire dans d'autres villes. Ce fut le cas à Lyon par exemple avec les pentes de la Croix Rousse mais aussi à New York avec le quartier de Harlem. On comprend mieux alors pourquoi ces espaces populaires laissés à l'abandon tombe sous la loi d'une autre autorité, celle de la mafia, qui se substitue à celle légale, ou qui parfois pactise avec, pour mieux établir un système autoritaire. Le film Gomorra (Matteo GARRONE, 2008) en fait le terrible constat!
La conséquence était entrevue dans La zona (Rodrigo PLA, 2007). Dans un futur proche, les classes bourgeoises d'une ville mexicaine décident de vivre en autarcie dans des villes protégées du reste du territoire. Terrible séquence d'ouverture qui provoque un véritable choc visuel, sans aucun effet spécial, par la simple présentation d’un quartier pavillonnaire qui pourrait être en Europe puis, un mouvement de caméra montre ce quartier séparé du reste de la ville par un mur, des barbelés et protégé par des caméras. La vision de la « vraie ville » renvoie aux quartiers délabrés d’Amérique du Sud, le titre du film ponctuant cette première séquence confirmant que le quartier pavillonnaire est l’espace en marge et pas l’inverse !
Au regard des informations données par cette scène d'ouverture, il s'agit bien d'une ville en faillite qui semble être contrainte d’accepter cette discrimination de fait pour conserver sa population « riche », incapable qu'elle est de maintenir l’essentiel : sécurité, développement économique, enseignement…Cette représentation d'anticipation n'est pourtant pas différente de ce qui existe déjà aux USA, notamment vers Miami, en France ou d'autres pays occidentaux. C'est déjà la réalité pour les quartiers résidentiels que ce soit au Pérou, en Afrique du Sud ou ailleurs, avec accentuation de la paupérisation de la ville et une sorte de droit extra-territorial pour ces zones protégées, avec leurs propres police, école etc.


CONCLUSION : Le courage politique pour répondre à la faillite

Au travers des représentations des faillites des Etats et des conséquences, tous les cinémas évoquent la violence qui est faite aux populations, le profit que certains peuvent en tirer (ou le maintien d’un certain niveau de confort) mais également le risque au mieux d’une révolution démocratique quand elle s’exerce contre une dictature, au pire un recul de la démocratie avec gestion d’un chaos organisé pour mieux profiter de cette faillite.
Avec une telle représentation de ce qu'est la faillite, le cinéma semble plutôt proposer des visions pessimistes. Pour reprendre Serge Gainsbourg, on ne filme pas le beau temps mais un ciel d'orage. 
Pourtant, certains réalisateurs ont donné des clés pour sortir d'une telle situation de la faillite... parfois sans même l'intention de le faire vraiment. Dans Le cave se rebiffe (Gilles GRANGIER, 1961), Jean Gabin incarne un faux monnayeur expliquant dans une séquence hilarante comment il a raté une opération prometteuse du fait du retrait de la coupure de 100 florins de la banque des Pays Bas pour mettre en place le « nouveau florin ». Vision comique d’une réponse d’un Etat  à sa situation de faillite économique ! Mais au-delà de l'humour décapant des dialogues de Michel Audiard, c'est bien une présentation du courage politique au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ces Etats européens ruinés et donc en faillite, comme pouvait le montrer le film de Rossellini ont réagi en prenant la main sur ce qui fait partie des prérogatives de l'État. Par l'humour d'une phrase, "dis toi qu'en matière de monnaie, l'État a tous les droits, le particulier aucun", Audiard confirme que l’État néerlandais a pris ses responsabilités face à une situation de faillite liée à la guerre, manifestant de fait sa souveraineté en déterminant et frappant monnaie, décision prise dans l’intérêt commun et pas seulement de quelques uns. L'efficacité est alors double. En agissant ainsi, l'État a pu se reconsolider et donc de permettre à sa population de retrouver une économie saine. Mais surtout, et c'est le film qui en témoigne, la fameuse reine Willémine, en ayant démonétisé l'ancienne coupure de 100 florins, a finalement ruiné ceux qui vivaient de la situation fragile de l'État.
La morale est assez simple. Les profiteurs des faiblesses d'un État sont mis hors jeu quand l’Etat fait son travail et assume ses charges, adoptant des solutions économiques, parfois rudes, mais qui concernent toute la population et pas seulement quelques uns.

A bientôt
Lionel Lacour