dimanche 29 décembre 2013

Voyage au bout de l'enfer: chef d'œuvre de l'Amérique post Vietnam

Bonjour à tous

en 1978, le jeune cinéaste Michael Cimino réalisait un des plus grands films sur la guerre du Vietnam, un des plus grands films tout court de l'Histoire du Cinéma. À l'occasion de la présentation de sa version restaurée à l'Institut Lumière, Michael Cimino avait précisé les conditions d'écriture du scénario et celles du tournage. Le film mériterait en soi un documentaire à ce sujet tant les anecdotes sont nombreuses et à la hauteur du film. Mais s'il est des œuvres parfois plus intéressantes dans le déroulé de leur création que le résultat lui-même, la merveille que constitue le deuxième film du cinéaste est en fait encore sublimée par ces différentes explications de tournage et de fabrication. Il faut dire que le film est en soi une des œuvres les plus abouties que le cinéma ait proposé aux spectateurs. Si certains préfèrent la vision de Coppola sur la guerre du Vietnam dans Apocalypse now réalisé en 1979, celle réalisée par Cimino est de loin ma préférée, pour des raisons autant esthétiques que sur le récit et sur ce que le film dit des Etats-Unis et de son peuple.

mardi 17 décembre 2013

2ème Prix du film de droit et de justice

Photographie David Venier - Université Jean Moulin Lyon 3
Bonjour à tous,

les 5èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma organisées par l'Université Jean Moulin Lyon 3 et le Barreau de Lyon reconduisent le prix du film de droit et de justice.
Cette année, il récompensera encore un long métrage distribué en 2013 et dont le thème central s'appuie sur une question de droit et de justice.



Une sélection de 3 films est soumise aux votes sur le site des Rencontres:
http://www.droit-justice-cinema.fr/prix-du-film/



Pour désigner le film qui succédera au palmarès à Ombline de Stéphane Cazes, vous aurez donc à choisir entre:
Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières



9 mois ferme d'Albert Dupontel

Landes de François Xavier Vives
Le film qui aura la majorité des votes sera le nouveau lauréat du prix. Celui-ci sera remis au réalisateur pendant les 5èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma qui se dérouleront du 24 au 28 mars 2014.

Alors très bon vote et à très vite pour découvrir le prochain lauréat de ce prix.

À très bientôt
Lionel Lacour

dimanche 15 décembre 2013

Elysium ou le recyclage des angoisses du XXème siècle

 Bonjour à tous,

à l'occasion de la sortie d'Elysium en DVD et Blu Ray, il m'a semblé intéressant de revenir sur ce film de Neill Blomkamp à qui on devait déjà District 9 sorti en 2009. Or la première idée qui me soit venue en regardant la première séquence fut celle d'une sorte de "déjà vu".
En effet, la première séquence présente la Terre comme sur-polluée et surpeuplée. Cela ne rappelle donc rien à personne? Le générique de Soleil vert ne disait pas autre chose. Mais Richard Fleisher réalisait ce film en 1973. Blomkamp n'a donc que poussé la date inéluctable à la fin du XXIème siècle et non au début. Cela voudrait-il donc dire que rien n'aurait changé depuis 40 ans? Science fiction ou Anticipation? (cf mon article sur la distinction entre les deux http://cinesium.blogspot.fr/2013/01/anticipation-ou-science-fiction.html)




samedi 23 novembre 2013

"Les tontons flingueurs" sans papa

 Bonjour à tous,

les tontons étaient partis les uns après les autres, mais leur papa résistaient malgré une santé de plus en plus fragile. Cette nuit du 22 au 23 novembre lui aura donc été fatale, peut-être une nuit comme les aimait tant le Mexicain, autre héros pittoresque des Tontons.
Mais que reste-t-il vraiment de Georges Lautner? Pour bon nombre de cinéastes d'aujourd'hui, pas grand chose. Est-il cité par eux comme inspirateur de leur travail? Rarement pour ne pas dire jamais. Au mieux, on évoque ses films. Quelques films. Les Barbouzes, Le monocle et forcément, Les tontons flingueurs. Mais souvent en citant d'abord les dialogues d'Audiard. En rappelant les acteurs, Jean Gabin, Paul Meurisse, Lino Ventura, Alain Delon, Bernard Blier et les autres. Mais de lui, Georges Lautner, pas grand chose.

lundi 11 novembre 2013

"La chasse": un film dérangeant

Bonjour à tous,

En 2012, Thomas Vinterberg voyait son film La chasse être sélectionné au festival de Cannes puis son acteur principal, Mads Mikkelsen, recevoir le prix d'interprétation masculine. Après Festen, réalisé en 1998, le réalisateur retrouvait le thème de la pédophilie en changeant radicalement de point de vue. Il ne s'agissait évidemment pas de trouver des circonstances "atténuantes" à la pédophilie! Mais Vinterberg a choisi cette fois le principe de l'innocence de celui qui est accusé, plongé dans une sorte de tourbillon infernal faisant de lui un coupable pour toute une communauté. Le film a partagé, et partage encore, les critiques. Pas tant sur la forme ni sur l'interprétation. Mais curieusement sur le fond, reprochant à Vinterberg de jouer sur du velours en prenant fait et cause pour cet homme, Lucas, accusé injustement. Ce serait trop facile. Vraiment? Et si ce film mettait les spectateurs mal à l'aise parce qu'ils pourraient se reconnaître dans le film?

mercredi 23 octobre 2013

"Quai d'Orsay" en Avant Première à l'Institut Lumière

Bonjour à tous,

Le président de l'Institut Lumière est aussi et surtout réalisateur. 
Venez découvrir son prochain film à l'Institut Lumière avant tout le monde!

AVANT-PREMIERE
Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier (2013, 1h53)
Mercredi 30 octobre à 20h30
L'adaptation de la bande dessinnée de Christophe Blain et Abel Lanzac, avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup.
En présence de Bertrand Tavernier


L'achat des billets pour les séances de cinéma peut se faire sur place, à l'accueil, avant le début de la projection. Mais il serait prudent d'acheter vos places dès maintenant:

- sur le site www.institut-lumiere.org
- par téléphone au 04 78 78 18 95 du mardi au dimanche de 10 h à 18h30.
- sur place au 25 rue du Premier Film - Lyon



À très bientôt
Lionel Lacour

Le festival Lumière 2013 après le festival Lumière

Bonjour à tous,

Vous n'avez pas pu voir les films que vous auriez dû voir? Vous aimez les films, même sans la présence des invités prestigieux du dernier festival Lumière, alors l'Institut Lumière vous propose quelques sessions de rattrapage du 25 octobre au 6 novembre avec une sélection de films plébiscités par le public durant le festival Lumière.

Vous aimez les films du lauréat du Prix Lumière 2013? Alors ces séances sont pour vous:

Soirée Kill Bill - Kill Bill volume 1 suivi de Kill Bill volume 2 de Quentin Tarantino
Samedi 2/11 à 19h
Reservoir Dogs de Quentin Tarantino
Ve 25.10 à 21h15 - Di 27/10 à 18h15 - Je 31/10 à 17h - Me 6/11 à 21h15

Vous avez manqué ce film recommandé par Tarantino himself? Ruez vous pour:
True Romance de Tony Scott
Sa 26/10 à 20h45 - Je 31/10 à 21h - Ve 1/11 à 21h15 - Me 6/11 à 19h

Décidément, Verneuil, ça se voit et ça se revoit avec toujours le même plaisir:

Des gens sans importance d'Henri Verneuil
Sa 26/10 à 14h30 - Ma 29/10 à 19h - Je 31/10 à 14h30 - Ve 1/11 à 16h15
Mélodie en sous-sol d'Henri Verneuil
Ve 25/10 à 19h - Di 27/10 à 16h30 - Ma 29/10 à 14h30 - Di 3/11 à 16h30

Quoi? Un chef-d'œuvre du néo-réalisme italien pendant le festival? Et vous ne l'aviez pas vu sur le programme?
Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini
Di 27/10 à 14h30 - Ma 29/10 à 17h - Di 3/11 à 14h30 - Ma 5/11 à 19h

Ah! Cinéma culte des années 1980, le corps de Bowie enterré et juste sa tête à la surface... Le grand Pacino dans le rôle mythique d'un balafré... À ne pas louper!
Scarface de Brian De Palma
Me 30/10 à 16h30 - Ve 1/11 à 18h15 - Di 3/11 à 18h45 - Ma 5/11 à 21h
Furyo de Nagisa Oshima
Sa 26/10 à 18h30 - Ma 29/10 à 21h - Sa 2/11 à 16h30 - Me 6/11 à 16h30



Sa projection au festival fut complète très vite. Et si on regardait LE film qui fit de Peggy Cummins une légende?
Gun Crazy / Le Démon des armes de Joseph H. Lewis
Sa 26/10 à 16h30 - Je 31/10 à 19h - Ve 1/11 à 14h30 - Sa 2/11 à 14h30

Vous voulez tout voir ou revoir? Les places sont en vente dès maintenant, sur place, à l'accueil, avant le début de chaque projection ou vous avez également la possibilité d'accéder à la billetterie en ligne de l'Institut Lumière (25 rue du Premier Film - Lyon)
Pour les soirées spéciales, il est possible d'acheter ses places à l'avance sur place ou par téléphone au 04 78 78 18 95
du mardi au dimanche de 10 h à 18h30.

À très bientôt!
Lionel Lacour

mardi 22 octobre 2013

Séance Radio : pour l'amour du cinéma

Bonjour à tous,

Pour un billet rapide après le festival Lumière si passionnant cette année, je viens vous faire part de ma rencontre avec Antoine Sire. Orchestrée par Jean-Jacques Bernard, rédacteur en chef de Ciné+ Classic et journaliste de Radio Lumière, cette rencontre m'a permis de découvrir que. BNP Paribas n'est donc pas qu'une Banque.C'est aussi du cinéma.
BNP Paribas, partenaire de ce festival incroyable se déroulant dans la ville natale du cinéma, propose aussi une webradio exclusivement consacrée au cinéma qu'Antoine Sire m'a permis de découvrir.
Avec Laurent Bourdon, Antoine Sire propose des émissions intitulées "Le Filmographe" permettant de redécouvrir des comédiens, des réalisateurs, mais aussi des thématiques (comme par exemple "Jazz et cinéma"). Mais beaucoup d'autres rubriques sont diffusées sur cette webradio que l'on peut réécouter sans limite!

Une très belle découverte pour tous les cinéphiles, avec une programmation riche et variée, de la musique issue des bandes originales et à partager sans retenue:
http://www.seanceradio.com/radio

A très bientôt
Lionel Lacour

jeudi 17 octobre 2013

"Hitler dead or alive": quand Tarantino propose les films qui l'inspirent!

Bonjour à tous,

Le festival Lumière 2013 ne se remet toujours pas de ce qui lui arrive pour son 5ème anniversaire. Comme le pourrait-il d'ailleurs. Depuis l'ouverture, ce lundi 14 octobre, tout n'est que démesure de par la présence des stars, oui des stars, dans tous les cinémas du Grand Lyon. Mais démesure également par leur présence dans des lieux fréquentés par les spectateurs, fondus avec eux, à la fois inaccessibles de par l'aura qui les caractérise, et si proche des festivaliers par leur passion commune avec le cinéma classique.

Alors, que dire du lauréat 2013? Quentin Tarantino, dont les initiales sont devenues un signe de ralliement de tous les spectateurs en ébullition, assiste aux séances, communie avec les films, ne retient aucune de ses émotions, rit quand le film entraîne à rire. Les spectateurs n'en reviennent toujours pas.

jeudi 10 octobre 2013

Le Festival Lumière honore Germaine Dulac

Bonjour à tous,

Samedi 19 octobre à 16h45, le film Âme d'artiste, titre original, mais également connu sous le titre "Rêve et réalité" de Germaine Dulac sera projeté à l'Institut Lumière, salle 2 (Villa Lumière).
Avant-gardiste du cinéma français, Germaine Dulac fut une des cinéastes les plus reconnues en France et ailleurs, à cette époque où les femmes avaient une place plus importante dans le 7ème art qu'elles n'ont aujourd'hui. Ce film de 1925, réalisé un an après son chef-d'œuvre La souriante Madame Beudet place l'action à Londres et offre des plans superbes, notamment sur la cité anglaise, et articulés de manière remarquable permettant une économie d'usage des cartons pour expliquer l'action. Bénéficiant du plus gros budget jusqu'alors consacré pour un mélodrame, Âme d'artiste est considéré par Richard Abel, historien du cinéma français, comme le premier film moderne réalisé presque entièrement en studio, avec un casting international. Pour prolonger ce point sur ce film, vous pouvez consulter à ce propos la page du site du Festival Lumière.

Âme d'artiste
 Le cinéma de Germaine Dulac est essentiellement muet, ses deux dernières œuvres étant les seules sonorisées, dont la dernière, Je n'ai plus rien, court métrage de 1934, étant un film musical mettant en scène la grande chanteuse populaire Fréhel, pour ensuite se consacrer aux actualité Gaumont jusqu'à sa mort en 1942.

Âme d'artiste sera projeté évidemment accompagné musicalement, et, pour le plus grand plaisir des festivaliers, cet accompagnement se fera en direct par le guitariste classique Percy Castro. Une occasion fantastique de savourer deux plaisirs dans un même événement, celui d'un film esthétiquement somptueux et celui d'un virtuose jouant "unplugged" pour faire cuistre, en son naturel pour correspondre à ce moment vrai moment de grâce qui pourra être partagé pour les quelques privilégiés de la salle.

Cette expérience est encore possible pour les quelques places restantes.

Âme d'artiste, Germaine Dulac, 1925, 1h40
Institut Lumière (salle 2 - Villa Lumière)
25 rue du Premier Film
3 € - Points de vente habituel ou sur le site internet www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour



mercredi 9 octobre 2013

"Michael Haneke profession: réalisateur" au Festival Lumière

Bonjour à tous,

Yves Montmayeur revient au Festival Lumière pour présenter son documentaire "Michael Haneke profession: réalisateur" réalisé en 2013.
Après la projection en 2011 de ses documentaires sur le cinéma japonais de genre (Yakuza Eiga, une histoire du cinéma yakuza - 2009; Pinku Eiga, inside the pleasure dome of Japanese Erotic Cinema - 2011) qui avaient tant séduit les festivaliers, Yves Montmayeur change radicalement de registre dans son dernier documentaire. En s'attaquant à Michael Haneke, il s'attaque surtout à un monstre de la cinéphilie mondiale. Ses deux derniers films, Le ruban blanc (2009) et Amour (2012) ont été couronnés de la Palme d'Or à Cannes. Cinéaste aride pour les uns, rigoureux pour les autres, ce sont surtout les témoignages de ses comédiens qui permettent de cerner le cinéaste au travers du documentaire.

mardi 8 octobre 2013

La naissance de Charlot: tout comprendre sur la genèse d'un mythe au Festival Lumière

Bonjour à tous,

Après une rétrospective Chaplin à l'Institut Lumière et une exposition dans la galerie de l'Institut, Chaplin est cette fois à l'honneur du Festival Lumière au travers d'un documentaire et de la projection de courts métrages des débuts de Chaplin. Pour le documentaire, ce sont Serge Bromberg et Éric Lange qui ont co-réalisé La naissance de Charlot et c'est peu dire que ces deux réalisateurs connaissent le personnage créé par Charlie Chaplin sur le bout de leurs doigts. Spécialistes du cinéma muet, ces documentaristes devenus des références du SDF le plus célèbre du cinéma, reviennent sur ce qui a permis au britannique Charlie Chaplin de créer cet anti-héros, ingénu vagabond tellement caractérisé qu'il est encore aujourd'hui une des images les plus identifiables de la culture cinéphilique. En effet, quel héros du 7ème art a pu imprimer à ce point les mémoires collectives ?


C'est donc sur cette genèse que reviennent Serge Bromberg et Éric Lange, sur le rôle joué par le mentor du jeune Chaplin, Mack Sennett, et sur la mise en orbite cinématographique du vagabond qui œuvrait tant pour garder sa dignité! Près d'un quart de siècle d'existence sur grand écran, voilà ce que représente le mythe "Charlot", de 1914, date de sa première apparition sur une bobine de film à 1937, pour sa dernière prestation dans Les temps modernes, même si le barbier du Dictateur (1940) marque peut-être véritablement l'ultime présence et la réelle disparition de Charlot, personnage muet tout au long du film, pour devenir ce génial orateur dans un discours devenu un manifeste de tolérance depuis.

Serge Bromberg au Festival Lumière 2010

Serge Bromberg, un fidèle du Festival Lumière, sera présent pour la projection de ce documentaire. Les festivaliers pourront également le retrouver pour la présentation de 4 courts métrages.

Programme "Charlot" à l'Institut Lumière - salle 2 (Villa Lumière) - en présence de Serge Bromberg
Mercredi 16 octobre - 11h00:  La naissance de Charlot (Serge Bromberg, Éric Lange, 2013, 1h01)
Dimanche 20 octobre - 14h30: 4 films Chaplin (courts métrages de 1916 - 1917) L'émigrant, Charlot fait une cure, Charlot brocanteur, Charlot s'évade



Tarifs: 3 € par séance (les 4 courts métrages de Charlot comptent pour une seule séance).
Billets à retirer aux points de vente habituels ou sur le site www.festival-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

lundi 7 octobre 2013

Christine Pascal:un documentaire sur son dernier film au Festival Lumière

 Bonjour à tous,

mercredi 16 octobre, à 20h30, Annette Dutertre viendra présenter à l'Institut Lumière (salle 2 - Villa Lumière) son documentaire Journal d'un montage "Adultère (mode d'emploi)", dernier film que l'actrice lyonnaise Christine Pascal avait réalisé en 1995, un an avant de mettre fin à sa vie, le 30 août 1996, à 42 ans seulement. C'est donc l'histoire de ce dernier film qu'Annette Dutertre relate. Film dans lequel Christine Pascal retrouvait Richard Berry après La garce en 1984 et le succès de Le petit prince a dit réalisé en 1992, succès tant critique que public, avec notamment le Prix Louis-Delluc une nomination pour le César du meilleur film en 1993.

Richard Berry et Karin Viard dans
Adultère (mode d'emploi)


Annette Dutertre, spécialiste du montage puisqu'elle a travaillé sur de nombreux films avec parmi les plus connus Peindre ou faire l'amour, Tournée, Camille redouble ou encore Les salauds, aborde alors l'ultime film de Christine Pascal. C'est cette période de montage de novembre 1994 à mars 1995 réalisé par Jacques Comets qu'Annette Dutertre raconte comme une sorte de témoignage de ce à quoi pouvait aussi ressembler le montage avant l'ère numérique.


Avec ce documentaire, c'est aussi une manière de célébrer cette actrice lyonnaise qui travailla souvent avec le président de l'Institut Lumière, Bertrand Tavernier. Si elle n'a qu'un rôle muet dans son premier long-métrage L'horloger de Saint Paul en 1974, elle est encore présente dans Que la fête commence en 1975 et dans Le juge et l'assassin en 1976. C'est enfin en 1987 dans Around midnight qu'a eu lieu leur dernière collaboration.

Voir ce documentaire à l'Institut Lumière est donc la certitude de parler de cinéma mais aussi d'honorer dans un lieu cher à celui qui l'a fait tourner le plus souvent dans ses films.

Cette projection aura lieu en présence d'Annette Dutertre, et, à n'en pas douter, avec tous ceux qui, à Lyon, ont aimé l'actrice et la réalisatrice Christine Pascal.

Entrée: 3 € (sur les points de vente habituels ou par internet)
Institut Lumière - 25 rue du Premier Film - Lyon
Informations sur le site www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour



samedi 5 octobre 2013

Un documentaire sur René Clément: une avant première à la Villa Lumière

Bonjour à tous

Le Festival Lumière propose le Mardi 15 octobre à 19h et en avant-première le documentaire d'Alain Ferrari. Produit par Caïmans Production, ce documentaire brosse le portrait extrêmement sensible de René Clément, réalisateur au talent hélas trop souvent méprisé par des critiques devenus à leur tour cinéastes, se reconnaissant ensuite sous l'expression "Nouvelle Vague".



jeudi 3 octobre 2013

"Natan", les secrets d'une histoire française au Festival Lumière

Bonjour à tous,


Bernard Natan est un inconnu en France. Pourtant, son histoire individuelle colle incroyablement à l'Histoire de la France des années 1920 à 1940. Dans un documentaire passionnant de David CAIMS et Paul DUAN, la vie de ce personnage disparu de la mémoire collective des Français est retracée avec des documents d'archive exceptionnels.
Projeté au Festival Lumière le jeudi 17 octobre à 11h à la Villa Lumière (25 rue du Premier Film), il sera présenté par Serge Bromberg, spécialiste du cinéma d'avant la Seconde guerre mondiale et qui intervient d'ailleurs dans le documentaire, et en présence des réalisateurs.
Voir www.festival-lumiere.org/manifestations/natan.html



mardi 1 octobre 2013

Master Class Françoise Arnoul: une légende française au Festival Lumière 2013

La sublime Françoise Arnoul
Bonjour à tous,

Mardi 15 octobre, à 17h, à la Villa Lumière (Salle 2 de l'Institut Lumière - 25 rue du Premier Film - Lyon), Françoise Arnoul donnera une Master Class exceptionnelle et qui correspond tant au Festival Lumière, et particulièrement celui-ci.
En effet, alors qu'une rétrospective du cinéma d'Henri Verneuil est proposée aux festivaliers, avec notamment Un singe en hiver en soirée d'ouverture (lundi 14 octobre, en présence de Jean-Paul Belmondo), ce ne sont pas moins de 5 films de ce grand réalisateur français dans lesquels Françoise Arnoul partagea l'affiche avec des acteurs aussi importants que Fernandel (Le fruit défendu 1952 et Le mouton à cinq pattes 1954), Jean Gabin (Des gens sans importance, 1956), Daniel Gelin (Les amants du Tage, 1955) ou encore Charles Boyer (Paris, Palace Hôtel, 1956).





Fernandel, Françoise Arnoul  et Henri Verneuil




Mais Françoise Arnoul tourna pour bien d'autres réalisateurs, et pas des moindres! En 1954, elle croise déjà Jean Gabin pour le chef-d'œuvre de Jean Renoir, French Cancan.
En 1956, elle fait plus que donner la réplique à l'immense Gérard Philipe dans Si Paris nous était conté, réalisé par le non moins grand Sacha Guitry. Mais c'est encore Henri Decoin, Julien Duvivier, Jacques Rouffio et bien d'autres encore qui eurent comme actrice principale Françoise Arnoul qui n'a jamais cessé de tourner, que ce soit pour le cinéma ou pour la télévision. Son dernier film, Beau rivage date ainsi de 2011!
C'est donc une véritable rencontre avec le cinéma français qui est proposé par le Festival Lumière, celle d'une comédienne qui, et ce n'est pas banal, travaille dans le monde du cinéma depuis 1949.
Sa vision du métier d'actrice, son enthousiasme pour le cinéma français d'hier et d'aujourd'hui, son envie d'échanger avec le grand public font de cette Master Class, la première de l'édition 213 du Festival Lumière, un moment rare pour tous les amateurs de cinéma. À consommer sans modération!



Pour toute information sur cette Master Class:
www.festival-lumiere.org
Entrée libre - Retrait de billet obligatoire
Se présenter 15 minutes avant  le début de la séance
Disponibilité en billetterie très prochainement!

À voir également pour les autres Master Class
Des Master Class comme s'il en pleuvait

À très bientôt
Lionel Lacour

lundi 16 septembre 2013

Elle s'en va: Catherine Deneuve est une femme comme les autres.

Bonjour à tous,

Le 18 septembre 2013 sort Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot. Ce film, coproduit par Rhône-Alpes Cinéma commence sa course en Bretagne pour finir dans l'Ain en passant par le Limousin et même la Haute Savoie. L'histoire est assez improbable: une restauratrice bretonne, Bettie, sous pression de ses banquiers quitte soudain son restaurant pour respirer, acculée qu'elle est par le désastre de se situation sentimentale que ne compense pas sa situation professionnelle. Ce départ marque le début d'un enchaînement parfois surréaliste d'événements la conduisant à retrouver son petit-fils qu'elle doit accompagner jusqu'à chez son grand-père dans l'Ain. Ce road movie étrange apporte quelques éléments de compréhension de notre société contemporaine que le cinéma ou la télévision oublient souvent.

Plein Soleil: chef-d'œuvre d'hier, source d'aujourd'hui

Bonjour à tous,

Le cinéaste René Clément est aujourd'hui à l'honneur dans bon nombre de cinémas français, et notamment dans le cycle du GRAC Ciné Collection tout le mois de septembre. Une copie restaurée de Plein soleil permet depuis cet été de (re)découvrir le talent de ce réalisateur qui a été si longtemps oublié, la faute certainement aux cinéastes de la Nouvelle Vague, François Truffaut en tête. Pourtant; Clément avait tout pour être un de leur phare. Réalisateur de La bataille du rail, il continue à faire des films mémorables comme Jeux interdits ou Monsieur Ripois ou encore Barrage contre le Pacifique, ce dernier étant l'adaptation du roman de Duras. Encensé par Hitchcock, René Clément fut au contraire dénigré par les critiques des Cahiers du cinéma, dont bon nombre allait constituer le gros du bataillon de la Nouvelle Vague, eux-mêmes qui adulaient... Alfred Hitchcock.En 1959, Les 400 coups de Truffaut sortaient en salle après avoir été présenté à Cannes (voir à ce sujet l'article consacré à ce film: "Les 400 coups: témoignage sur l'enfance des années 1950"). Cette même année, René Clément débute le tournage de l'adaptation de la nouvelle de Patricia Highsmith, Le talentueux Mr Ripley, publié en 1955.



La Nouvelle vague dans le viseur
René Clément, de son propre aveu, a fait ce film en réaction aux propos de la Nouvelle Vague qui ne voyait en lui au mieux qu'un bon faiseur, mais pas vraiment un cinéaste. Il va alors proposer un film reposant à la fois sur les principes de ces jeunes cinéastes, comme l'improvisation et les tournages hors studio, et sur ce qui faisait la force du cinéma tant dénigré par ces mêmes réalisateurs.
Pour ce qui est des ressemblances avec les jeunes pousses du cinéma français, il recrute donc pour cette adaptation, Paul Gégauff, scénariste du film de Chabrol (Nouvelle Vague) Les cousins et du chef opérateur Henri Decaë, chef opérateur du film... Les 400 coups! Une preuve s'il en était besoin que le cinéma, contrairement à ce que Truffaut, Godard et bien d'autres pouvaient penser, ne se scindait pas en chapelles.

Et comme eux, Clément va choisir des acteurs presque inconnus du grand public. Maurice Ronet n'est vraiment célèbre que depuis son rôle dans Ascenseur pour l'échafaud. Mais Alain Delon, qui tient le premier rôle, n'a joué que des personnages secondaires dans des films peu importants. Seul Christine lui a donné une toute petite notoriété. Mais c'est grâce à la présence de Romy Schneider, la Sissi éternelle, que ce film a pu avoir une petite carrière, une Romy Schneider qui fait d'ailleurs une apparition fugace dans Plein soleil! Quant à Marie Laforêt, elle trouve là son tout premier rôle au cinéma. Même du point de vue de la musique, le compositeur Nino Rotta n'est pas encore celui qui sera célébré pour Rocco et ses frères, Le guépard et bien sûr Le parrain. 
Hormis le recours à des inconnus pour faire du cinéma, c'est dans la manière de filmer que René Clément s'est prêté à une sorte de compétition avec ses détracteurs. Plusieurs séquences ont été tournées en laissant les comédiens agir devant la caméra, de manière naturelle, dans l'improvisation. La séquence mémorable dans laquelle Delon doit combattre les éléments en menant le voilier après l'assassinat de Philippe a été filmée sans véritable mise en scène directive. Cela donne à ce moment une véritable tension dramatique qu'une mise en scène plus conventionnelle aurait rendu plus artificielle. De même, les séquences tournées dans la rue par Clément ressemblent furieusement à celles qui auraient pu être filmées par Godard, Truffaut ou Varda, comme par exemple lorsque le personnage de Delon, Tom Ripley, déambule dans la rue pendant qu'a lieu une procession mariale. Filmé avec beaucoup de naturel, il est remarquable de voir les processionnaires regarder la caméra, preuve s'il en était besoin, qu'ils ne sont pas des figurants!
Ce sont enfin les dialogues qui rapprochent le film de Clément de ceux de ses critiques les plus virulents. On est loin des échanges à la Michel Audiard tant décriés. De même, la gouaille de Janson ou la poésie de Prévert ne se retrouvent pas dans les échanges verbaux entre les protagonistes. Au contraire, les dialogues sont plutôt minimalistes, réduits à l'essentiels, devant expliquer les situations sans être didactiques ni trop réalistes. Il y a une sorte de distanciation entre les situations et ce qui est prononcé par les personnages. Des dialogues fonctionnels en quelque sorte.

Le cinéma de Clément au bout du compte (attention, des informations concernant l'intrigue sont
révélées dans ce chapitre)
Au-delà de sa volonté de montrer que certaines méthodes revendiquées par la Nouvelle vague ne lui étaient pas étrangères, René Clément a réussi avec Plein soleil à faire une œuvre magistrale ne reniant pas ce qui faisait la qualité de ses autres films. C'est tout d'abord une écriture de scénario implacable, véritable mécanique dans laquelle le spectateur se laisse prendre jusqu'à la dernière séquence. Tout est maîtrisé parfaitement en créant une atmosphère délétère puisque le spectateur est perturbé par ce qu'il voit et ce qu'il entend.
Il voit une lumière vive, un aire de dolce vita que la musique de Nino Rotta maintient à chaque séquence, à l'exception de quelques séquences. L'ensemble est léger, avec des personnages principaux et secondaires qui vivent sans véritablement travailler. Même Tom Ripley doit gagner 5 000 $ juste pour ramener Philippe Greenleaf à son père à San Francisco. Quant à Marge, la fiancée de Philippe, elle vit aussi aux crochets de celui qu'elle aime.Pourtant, cette ambiance oisive n'empêche pas le malaise. Et toute la force du film repose là-dessus. Quelque soit le moment du film, jamais le spectateur n'est véritablement dans le confort de ce qu'il voit. Au début, Tom Ripley apparaît comme un souffre douleur de Philippe. Il est moins riche, se contente des miettes que son riche ami lui laisse et personne ne le considère. Teneur de chandelle sur le voilier de Philippe, la réaction de ce dernier marque peut-être sa fin. Car c'est bien à partir de ce moment là que nous comprenons qui est vraiment Tom. En une phrase, René Clément fait basculer notre empathie pour Philippe plutôt que pour Tom. "Il n'est pas mon ami, je ne l'ai jamais connu". Clément réussit ce tour de force à susciter de l'empathie d'abord pour Tom, puis pour Philippe (brièvement) et enfin pour plus personne. Ainsi, nous découvrons tout ce que Tom a mis au point pour rejoindre Philippe et lui nuire. Une stratégie digne de Machiavel. Il éloigne Marge du voilier, tue Philippe, jette son corps à la mer soigneusement emballé. Puis il revient sur terre, raconte à Marge que Philippe ne veut plus d'elle, puis, enfin, finit par se faire passer pour lui.

La ligne directrice du film prend alors toute sa mesure. En fait, dès le début, René Clément présente au spectateur ce qui tourmente Tom: son identité. Mais il laisse planer des fausses pistes. Il est pauvre, Philippe est riche et il n'est pas reconnu en tant que tel? Il ne semble pas plaire aux femmes quand Philippe doit presque les repousser? Mieux, Clément propose une scène dans laquelle Tom s'habille en Philippe, parle comme lui, et, face à un miroir, s'embrasse. Qui embrasse-t-il? Lui oui l'image d'un ersatz de Philippe? N'y aurait-il pas de l'amour homosexuel refoulé de sa part? Ce que la nouvelle de Patricia Highsmith suggère davantage, René Clément l'évacue rapidement mais il laisse le spectateur dans la confusion jusqu'à la scène du meurtre. Celle-ci marque la véritable nature de Tom. Il n'est pas reconnu, il n'existe pas vraiment tandis que Philippe a une personnalité. Alors Tom devient Philippe. Par tous les moyens.

La preuve? Il porte une chemise de Philippe et Marge croit reconnaître Philippe. Il apprend de manière très méthodique à signer comme Philippe, dans une séquence particulièrement mémorable. Il endosse au sens propre comme au sens figuré la personnalité de Philippe, même quand il tue Freddy, l'ami américain de Philippe et qui pourrait le confondre comme usurpateur d'identité. Une fois le corps abandonné, il rejette la culpabilité sur Philippe, pourtant déjà mort!
René Clément n'oublie pourtant pas que ce qu'a fait Tom Ripley est condamnable.Ainsi, dans le processus de prise d'identité, il introduit tous les éléments du polar. Mais un polar à ciel ouvert, plein soleil. Quand d'autres auraient caché le personnage de Ripley, Clément l'exhibe. Sa cachette est son identité nouvelle. La sienne n'est toujours pas reconnue. La preuve en est quand un commissaire vient l'interroger à propos de la mort de Freddy, il ne prononce jamais comme il faut le nom de Tom. Il y a peut-être ici et dans le traitement des connexions avec La mort aux trousses d'Hitchcock (voir à ce sujet mon article sur La mort aux trousses). Si ce dernier admirait Clément, il est fort à parier que l'inverse était vrai. La séquence dans laquelle Cary Grant est attaqué dans les open fields est bien similaire à la volonté d'exposer en pleine lumière ce qu'a fait Tom. Mais Roger Thornhill se fait passer pour Kaplan contraint et forcé et est innocent de ce dont on l'accuse. Exactement le contraire de Tom Ripley.

Au traitement, Clément rajoute le mobile du crime. Jalousie? Tom serait-il amoureux de Marge? C'est ce qui semble être le cas au départ. Mais progressivement, le spectateur réalise que Marge n'est rien d'autre qu'un objet sans importance. Son nom est celui d'un bateau. Elle n'a pas de nom de famille. Son prénom est tout un symbole: Marge. Elle n'est absolument pas le centre de l'histoire mais une marge. Elle ne sera qu'un moyen pour Tom de récupérer le magot de Philippe. En établissant un faux testament dans lequel il reconnaît l'assassinat de Freddy et faisant de Marge son unique héritière, Marge est devenu le coffre fort de Tom. Et ses efforts de séduction antérieurs au testament ne le rendent pas suspect aux yeux de Marge. La manipulation est complète. Le crime parfait.

Un témoignage sur un temps révolu (attention, des informations concernant l'intrigue sont révélées dans ce chapitre)
Bizarrement, le film, s'il a beaucoup plu à Highsmith, l'a moins convaincu dans son épilogue. Le Happy end ("Le happy end, une notion très importante cour comprendre une société") ne saute pourtant pas aux yeux des spectateurs d'aujourd'hui. En effet, Tom Ripley, dans un moment extrêmement savoureux et jouissif, se met face au soleil et savoure ce moment qu'il croit être "le meilleur" tandis que la preuve de sa culpabilité dans le meurtre de Philippe, et donc de Freddy, est révélée de manière inattendue. Fin du film. C'est que Clément n'est pas un auteur de livre dans lequel on peut envisager une suite qui mettrait fin aux agissements du criminel. L'ennemi de Sherlock Holmes est-il arrêté à chaque tome? Au cinéma, surtout en 1959, date du tournage de Plein soleil, les suites n'existent pas encore, sauf pour des comédies ou des personnages récurrents de la littérature comme Fantomas par exemple. De plus, René Clément n'est pas un réalisateur provocateur comme a pu l'être Peckinpah aux États-Unis. Sa filmographie est en phase avec son histoire, marqué par la Résistance pendant la Seconde guerre mondiale. Sa morale ne peut s'accommoder avec la réussite d'un Tom Ripley. Mais l'histoire doit être haletante. Il doit à la fois réussir, mais le destin doit permettre que ses crimes soient punis. Tout est là dans cette dernière séquence.
Plein soleil est aussi marqué par des passages très symboliques, eux aussi marqués par ce cinéma nouveau, en France ou aux USA. Des plans très marqués Nouvelle vague sont présents comme lorsque se superpose le regard de Ronet et de Delon au moment de la vérification du passeport de Philippe Greenleaf, falsifié par Tom Ripley. Il y a du À bout de souffle avec ces plans sur Belmondo et son monocle.
L'usage d'images symboliques sont d'ailleurs présents dans le film, et notamment dans une séquence, coupée dans la version américaine, durant laquelle Ripley se promène dans un marché, regardant sur les étals, les différents poissons (à ce sujet, vous pouvez consulter l'analyse du film sur le site Libresavoir). Chaque plan, bien identifié, semble raconter un moment de l'histoire de Tom: un poisson au corps tordu symbolisant l'âme torturée de Ripley, un poisson avec un rostre en baïonnette, image du poignard ayant tué Philippe, une raie filmée par dessous, ressemblant à un masque comme celui que porte désormais Ripley, une balance, représentation de la justice, et enfin la tête tranchée d'un poisson, image de ce qui attend Tom s'il est arrêté. Cette symbolique à la fois surréaliste et poétique est bien un marqueur d'une époque aujourd'hui révolue. Les cinéastes ne s'embarrassent plus de toutes ces représentations non narratives. Il y a encore chez Clément les traces d'une culture picturale et poétique qui a disparu à partir des années 1960 chez les cinéastes et qu'on retrouvait pourtant paradoxalement encore chez certains réalisateurs de la Nouvelle vague comme Godard dans la composition de ses plans symboliques, ou chez Louis Malle, par exemple dans Le feu follet, également avec Maurice Ronet.

Mais le visionnage de Plein soleil pour des spectateurs du XXIème siècle est aussi un moment assez éclairant sur ce que pouvait être la société européenne en cette fin d'années 1950. La dolce vita évoquée plus haut transparaît par des objets mythiques, que ce soit les chaussures Repetto ou par les fameux scooter qui firent tant le succès de l'Italie et de son mode de vie. Cette insouciance de la jeunesse se téléscope avec une culture de la nourriture. Ce film noir haut en couleur n'empêche pas de voir les différents protagonistes se nourrir régulièrement ou de voir de la nourriture, des poissons du marché au poulet que la concierge apporte à Tom/Philippe en passant par les plats de pâtes, la charcuterie mangée dans le bateau... Tout un art de vivre culinaire est à l'écran, sans insister mais présent comme une évidence.
De même, l'économie italienne est présente par l'évocation régulière de la conversion entre dollar américain et lire italienne. Il apparaît bien que la valeur de la monnaie du pays méditerranéen est considérablement plus faible que celle de la devise américaine puisque 1 500 $ valent plusieurs centaines de milliers de lire. L'Italie correspond alors au lieu de villégiature exotique qui pourrait être des pays du Sud économique d'aujourd'hui et dans lesquels les riches Européens ou Américains pourraient vivre confortablement, avec du personnel de maison, tout en dépensant finalement peu. Et pour mieux comprendre cela, la visualisation des billets italiens ne manque pas de faire sourire avec des billets dont la taille croit en fonction de la valeur faciale, comme s'il fallait davantage de papier quand la valeur du billet augmentait!
Il y a enfin une représentation de la sécurité tout à fait étonnante dans le film. La plus caractéristique est la manière de fermer les portes à clé en déposant ensuite celle-ci dans une ouverture située juste à côté de la porte, sans même une dissimulation minimum, rendant la clé accessible à quiconque. Cette séquence se reproduit plusieurs fois. Une telle représentation doit interroger le spectateur d'aujourd'hui qui n'oserait pas partir de chez lui sans fermer tous ses verrous! Or le film se passe en Italie dont la réputation est celle du vol de tout ce qui peut l'être. Le film témoigne donc d'une réalité différente dans ces années 1950, réalité crédible à partir du moment où les spectateurs n'auraient pas pu ne pas réagir négativement si cela n'avait pas été possible. Ce qui est d'ailleurs présent à l'écran en 1960, date de sortie du film en France, l'était dans la vie de chaque citoyen laissant son vélo sans mettre d'anti-vols ou laissant sa clé de maison sous le pot de fleur, quand il fermait sa maison. Cette représentation ne dit pas qu'il n'y avait pas de vol ni qu'il n'y avait pas de cambriolage. Elle témoigne juste de l'absence de ce fameux "sentiment d'insécurité" et aussi certainement d'un plus grand respect des biens d'autrui, les vols étant l'affaire des "professionnels" et non de tout à chacun!

Plein soleil est donc un film admirable, par sa mise en scène, par la manière de tenir le récit de bout en bout, mais aussi par ce témoignage de son époque qu'il laisse aux spectateurs d'aujourd'hui. Un documentaire consacré à René Clément vient d'être réalisé par Alain Ferrari et produit par Caïman Production: René Clément, témoin et poète. Il sera présenté pendant le festival Lumière 2013. À ne pas manquer!

À bientôt
Lionel Lacour

jeudi 12 septembre 2013

Festival Lumière 2013: des master class comme s'il en pleuvait à la Villa Lumière

Bonjour à tous,

alors voilà, la programmation du Festival Lumière est enfin révélée depuis mardi soir. Et elle est monumentale. Inutile de la restituer ici puisqu'il faut plus de 30 pages pour évoquer tout ce qu'il y a à voir et donc faire un marché qui procurera autant de plaisir que de frustration!
Des films, bien sûr. Des documentaires évidemment. Présentés par des réalisateurs et des artistes, c'est la règle depuis la première édition.
Mais surtout, le Festival Lumière propose de rencontrer directement ceux qui font ou parlent du cinéma!
En effet, en entrée libre, la salle de la Villa Lumière (désormais désignée sous le nom de SALLE 2 de l'Institut Lumière sur le programme officiel) vous accueille gratuitement pour les Master Class et dans l'intimité: moins de 100 places! À condition de réserver sa place à l'avance, bien entendu. Car ces places seront très convoitées. Il suffit de consulter la liste des Master Class pour se rendre compte que les invités sont encore et toujours des personnages exceptionnels!

PROGRAMME DES MASTER CLASS


Jean Gabin serrant Françoise Arnoul
dans French Cancan de Renoir
Mardi 15 octobre
17h Master Class de Françoise Arnoul, merveilleuse actrice qui tourna avec Renoir dans French Cancan, avec Guitry dans Si Versailles m'était conté et bien sûr Henri Verneuil dans Le mouton à cinq pattes.





Kirk Douglas
dans Les sentiers de la gloire


Mercredi 16 octobre
18h Master Class de James B. Harris, réalisateur et producteur notamment des premiers films de Stanley Kubrick comme L'ultime razzia, Les sentiers de la gloire ou Lolita.




Pierre Richard, toujours facétieux!
Jeudi 17 octobre
18h Master Class de Pierre Richard, comédien à la popularité incomparable ayant tourné dans des films devenus cultes, du Grand blond à la chaussure noire à La chèvre en passant par Le distrait, Le jouet et autres comédies dans lesquelles il interprète ce personnage lunaire inimitable.
La Master Class est suivie du documentaire Parlez-moi du Che qu'il a réalisé en 1987 (1h)

Serge Toubiana

Vendredi 18 octobre
 11h Master Class sur la restauration des Malheurs d’Alfred de Pierre Richard par Gaumont et les laboratoires Eclair. Depuis 3 ans, Gaumont présente aux spectateurs du Festival comment ce studio restaure les films de son catalogue.
17h15 Master Class de Serge Toubiana, directeur de la cinémathèque de Paris depuis 10 ans.

Françoise Fabian
Samedi 19 octobre
19h15 Master Class de Françoise Fabian. Actrice pour Rohmer (Ma nuit chez Maud), de Bunuel (Belle de jour) ou encore de Lelouch (La bonne année), Françoise Fabian n'a jamais cessé de tourner, touchant à tous les registres du cinéma, aujourd'hui encore.








Tarantino à gauche,
Tim Roth médusé à droite!
Dimanche 20 octobre
11h MASTER CLASS de Tim Roth, comédien anglais, interprète dans Reservoir dogs et dans Pulp fiction réalisé par le lauréat du Prix Lumière 2013, Quentin Tarantino. Il est aussi Thade dans la version de Tim Burton de La planète des singes. Il est enfin ce comportementaliste dans la série populaire Lie to me.








Pour assister à ces Master Class, il est indispensable de retirer les billets (gratuits) aux points billetterie du festival et de venir 15 minutes avant le début des séances.
Renseignements sur le site www.festival-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

mardi 10 septembre 2013

Hitchcock en muet: une découverte en ciné concert au Festival Lumière 2013

Bonjour à tous,

comme chaque année, le Festival Lumière gratifie ses spectateurs d'une projection exceptionnelle à l'auditorium Maurice Ravel de Lyon.

Ainsi, mercredi 16 octobre à 20h15, c'est dans un auditorium fraîchement rénové après des mois de travaux que les cinéphiles pourront découvrir Black mail d'Alfred Hitchcock, réalisé en 1929, pour les derniers feux du cinéma muet, copie restaurée par le BFI (British Film Institute).
Ce lieu peu banal pour du cinéma trouve ici tout son sens quand il s'agit de projeter un film muet accompagné en direct par l'Orchestre National de Lyon, dirigé par Leonard Slatkin.Et les amateurs de musique seront particulièrement servis puisqu'ils découvriront à cette occasion la musique inédite en France de Neil Brand, composée en 2008 et orchestrée par Timothy Brock. Ce sont donc bien tous les sens qui seront mis en éveil avec une telle programmation. Voir résumé du film et informations pour les réservations ci-dessous.

 "Du muet au parlant : le muet dans le parlant, le parlant dans le muet : 1927-1931"
En 2010, la soirée d'ouverture proposait Chantons sous la pluie, film parlant de 1952 évoquant non sans humour le passage du muet au parlant (à ce sujet, voir l'article sur Chantons sous la pluie).
En 2011, ce fut la projection en Avant Première de The Artist, film muet de 2011 (!) et qui évoquait à son tour cette transition, toujours dans le ton de la comédie.


Quoi de plus étonnant alors que de voir la programmation du cycle "Du muet au parlant : le muet dans le parlant, le parlant dans le muet : 1927-1931" interrogeant les œuvres de la période charnière du passage du cinéma muet au cinéma parlant? 








Affiche de la version parlante

Avec Blackmail, Alfred Hitchcock a finalement opté de tourner dans les deux versions, une muette et l'autre parlante, une histoire, déjà, au suspens haletant, et sur un vrai faux coupable. L'existence de ces deux versions est donc passionnante pour évoquer cette transition fondamentale de l'histoire du cinéma, bouleversée par le surgissement du parlant en 1927, avec la projection du film Le chanteur de jazz.et qui révolutionnera la mise en scène chez les cinéastes ayant travaillé lors de ces deux périodes.






Al Jolson, le chanteur de Jazz!
Le cycle "Du muet au parlant : le muet dans le parlant, le parlant dans le muet : 1927-1931" proposera d'ailleurs des projections de ce fameux film d'Alan Crosland, dont seulement quelques minutes étaient en fait "parlant" ou plutôt "chantant", et ce dans une copie elle aussi restaurée. Mais c'est également et surtout la version parlante du film d'Alfred Hitchcock qui sera présentée pendant le festival. Une manière unique de comparer deux manières différentes de faire du cinéma et deux sensations nouvelles autour d'un même scénario et d'un même réalisateur!
Résumé de Blackmail
Alice White (Anny Ondra) a pour fiancé l'inspecteur de police Frank Webber (John Longden), mais elle s'ennuie. Elle profite d'une dispute pour rejoindre Crewe (Cyril Ritchard), un artiste peintre. Mais Crewe tente de la violenter. Alice, pour se défendre, se saisit d'un couteau et le poignarde. En toute hâte, elle essaye d'effacer les traces de sa présence dans le studio et s'enfuit. C'est Frank qui est mis sur l'enquête...



Achat des places
12 €
10 € accrédités
Billetterie et programmation du festival Lumière : 04 78 76 77 78 - www.festival-lumiere.org
Billetterie Auditorium de Lyon : 04 78 95 95 95 - www.auditorium-lyon.com
Auditorium de Lyon : 149 rue Garibaldi – 69003 Lyon


Très bon festival

À bientôt
Lionel Lacour